Mon fils est un grand fan de Walking Dead.
Il attend le Tome 23 (sortie le 15 Septembre en France) avec une impatience non dissimulée, et ce malgré le décevant Tome 22.
Du coup je regarde les histoires de zombies avec une bienveillance notoire.
Malgré le Tome 22.
Enfin, je les regardais avec une certaine bienveillance.
Jusqu'à ce que j'en trouve une dont le scenario est très perfectible.
Un genre, là aussi, de Tome 22.
Le Tome de trop.
Car y a rien de pire qu'un scenario bâclé, prévisible et approximatif qui, en outre, use jusqu'à la corde une idée (les zombies) que, lors d'un soir de cuite, tu as pu trouver super drôle mais dont généralement, au réveil, tu te rends bien compte qu'il n'y a pas de quoi en faire une BD.
Ni même un billet de blog.
Et pourtant il y a eu un billet : la preuve en suivant ce lien ...
Je m'explique avec quelques extraits du texte en question :
Pour être un peu plus concret, voici deux exemples de vins zombies identifiés et largement documentés. Il se trouve que ce sont deux vins parmi les plus courants :
- Mouton-Cadet (vin français le plus diffusé dans le monde, avec environ 12 millions de cols – dont 1,7 pour la France – distribués dans 150 pays chaque année)
- et Baron de Lestac (marque du groupe Castel, dont c’est l’anagramme, et premier bordeaux vendu en France, avec 8,5 millions de cols par an).
A la dégustation, on se rend compte que ces deux vins sont maquillés, grimés à grand renfort de produits œnologiques
Je passe sur les zombies à répétition : c'est finalement un péché véniel.
La suite moins :
>"A la dégustation, on se rend compte que ces deux vins sont maquillés, grimés à grand renfort de produits œnologiques"Alors là : bravo !
Si, si : B-R-A-V-O
Pour ma part, çà fait quoi ? bientôt 20 ans que je bosse directement ou indirectement dans le produit œno, que j'essaie de comprendre ce qu'il est et ce qu'il fait (en particulier mes copines les levures et les bactéries) et que, dans ce but, j'organise régulièrement tel ou tel essai que je déguste et fais déguster.
Au bout de ces presque 20 annnées je suis toujours incapable de goûter un vin à l'aveugle et d'affirmer sereinement et avec conviction qu'il a été élaboré - ou pas - avec l'aide directe ou indirecte de tel ou tel produit œnologique.
En conséquence de quoi je mets quiconque au défi d'en être capable (au delà bien sur des quelques cas caricaturaux de sulfitage massif et autres plaisanteries du même acabit qui ne relèvent pas de l'élaboration du vin mais de l'erreur de raisonnement ou de manipulation).
"A la dégustation, on se rend compte que ces deux vins sont maquillés, grimés à grand renfort de produits œnologiques" ?
Ce genre de phrase relève de la posture et, surtout, de l'imposture.
(c’est autorisé, même si on n’en sait rien puisque les producteurs n’ont, pour l’essentiel, pas l’obligation de mentionner ces produits sur l’étiquette – puisés dans un arsenal en comprenant 70).Ca aussi c'est un beau marronnier, un genre de figure imposée dans ce type d'exercice.
D'abord passons sur le fait que la première liste citée mélange allègrement des trucs qui n'ont rien à voir et liste jusqu'à la nausée des composés qui, in fine, ne sont pas significativement différents l'un de l'autre ... mais çà remplit (je pense par exemple au Saccharose / Sucre / Mout concentré / Mout concentré rectifié / ...), ou qui par leur utilisation sont exclusifs l'un de l'autre.
Il y aussi, dans la "liste des intrants autorisés" ce déliceux : Fermentation Alcoolique Spontanée.
Plus con tu meurs.
Ensuite, voici la partie la plus intéressante car la plus insidieuse : celle de l'étiquette et de ses mentions. Le truc qui sous entend la défense du consommateur, cette victime expiatoire.
Cette douce rengaine appelle un certain nombre de précisions ... ouais c'est là que çà devient chiant, mais c'est toute l'ingratitude de l'exercice : c'est trop cool de balancer en 2 lignes des trucs qui font le buzz, çà l'est beaucoup moins d'y répondre de façon argumentée.
C'est ainsi.
N'empêche !
Il faut d'abord distinguer 3 outils distincts :
* les méthodes physiques.
Par exemple la filtration qui clarifie le vin et assure sa limpidité.
On ne filtre pas systématiquement et on peut le faire avec différents types de matériels, sur des media filtrants différents et de façon plus ou moins poussée. C'est un élément de process qui n'ajoute rien au vin, pourquoi faudrait il l'indiquer sur l'étiquette ?
A ce compte là autant indiquer la marque du tracteur ou le nom du cheval qui ont permis le travail des sols, à la vigne : ça relèverait de la même logique absurde.
* les auxiliaires de vinification.
Ils interviennent à un moment ou un autre dans la transformation du raisin en vin, mais ne restent pas dans le vin.
L'exemple classique est la levure : la levure œnologique transforme le sucre en alcool puis meurt et sédimente avant d'être éliminée lors des soutirages qui suivront (ou lors du dégorgeage lorsqu'il s'agit d'une prise de mousse en bouteille, dans le Champagne par exemple).
La levure ne reste pas dans le vin, elle n'entre donc pas dans sa composition : dès lors je ne comprends pas pourquoi on devrait marquer sur l'étiquette la présence d'un produit ... qui n'est pas dans le vin !?
Bon, la question n'est bien sur pas là.
C'est en fait cette belle histoire de la levure "du terroir" qui serait forcément, par le seul fait de sa présence à un moment donné en un endroit donné, la plus à même d'exprimer ce que nous entendons par "expression du terroir".
Pensée magique.
Pensée magique qui se heurte à quelques éléments de poids :
- les levures sélectionnées sont, dans leur immense majorité, des levures provenant d'un terroir donné ... où elles ont été sélectionnées.
- foncièrement, les levures se contrefoutent allègrement de ce que nous entendons par "terroir" ou "expression du terroir". Leur but est d'occuper le milieu et d'y croitre et multiplier, ce faisant elles produisent l'alcool, qui les tue.
C'est très con une levure, et je crains que l'expression du terroir ne soit, de leur point de vue, une notion un peu abstraite (déjà que pour nous c'est pas gagné ...).
- rien ne permet de distinguer une levure sélectionnée d'une levure indigène : intrinsèquement elles sont identiques.
Dès lors il faudrait marquer sur l'étiquette de chaque vin qu'il a été obtenu par l'action de levures fermentaires (flore indigène comme levures sèches actives) ... qui ne sont plus dans la bouteille ? (sauf bien sur chez les producteurs de vins instables qui repartent en fermentation alors qu'il sont été mis en bouteille, mais c'est là aussi un autre sujet).
Absurde !
* les additifs
Ils sont utilisés pour l'élaboration du vin et subsistent dans le vin mis en bouteille.
Il y a peu de mentions obligatoires, c'est vrai :
- Le plus connu est le SO2 dont la quantité maximale dans le vin est réglementée, et dont la présence doit être indiquée (on notera pour la petite histoire que même si on n'en ajoute pas au mout ou au vin il y en a dans le vin fini. Certes peu, mais il y en a tout de même : il est naturellement produit au cours de l'élaboration du vin).
La mention contient des sulfites est désormais obligatoire sur les étiquettes.
- La plus ancienne mention obligatoire est l'alcool. Seul composé dont on doive indiquer la teneur dans le vin (avec une petite tolérance / marge d'erreur toutefois).
- Les deux plus récentes concernent deux allergènes (on pourra à ce sujet jeter un oeil critique sur les travaux qui ont mené à cette obligation : çà laisse parfois perplexe) : l'albumine d’œuf et la caséine de lait, deux produits de collage (= de clarification des vins) dont l'utilisation est ancestrale (c'est l'usage ancestral, régulier et important de blanc d’œuf pour clarifier les vins de Bordeaux qui a mené à la création du cannelé).
Désormais, si vous en avez utilisé et que vous n'avez pas une analyse de votre vin attestant de la non détection de résidus dans le vin fini vous devrez indiquer "contient de l’œuf" ou "contient du lait" (cette dernière mention est un pur délice d'esthète quand on sait que le lait est un produit strictement interdit dans le vin !).
Bien sur, d'autres additifs existent et peuvent donc avoir été utilisés (qu'ils soient, dans certaines conditions et sous certaines limites, autorisés n'implique bien sur pas qu'ils le soient systématiquement), alors on doit pouvoir débattre sur l'intérêt (la nécessité ?) de mentionner leur présence dans le vin.
Ce point pourra être compliqué par le fait que parmi ces additifs on trouve des composés naturels du raisin (par exemple tanins de pépin ou de pellicule, acide tartrique naturel, ...).
Faut il indiquer une complémentation en un composé de même nature et même origine que celui qui était déjà présent dans le vin ? un composé qu'il est impossible de différencier de celui d'origine puisqu'ils sont rigoureusement les mêmes et ont les mêmes natures et effets ?
Si oui comment le fait on ?
Et pourquoi indiquerait on la présence d'un composé qui a été ajouté, mais pas celle du même composé, strictement identique, qui est préssent depuis la vigne ?
Alors quoi : on fait comme pour le soufre et on indique systématiquement : "contient de l'acide tartrique, contient des tanins, contient des polysaccharides" car, de fait, tous les vins en contiennent.
Ca va être super sexy et super vendeur.
Ils embarquent aussi chacun, bon an mal an, un certain nombre de résidus de pesticides (ah tiens, c’est autorisé aussi), dont l’un est même interdit en France. Faut-il rappeler que les pesticides ont une toxicité notoire et que l’effet « cocktail », dû à l’utilisation combinée de plusieurs molécules et adjuvants, est encore pire ? Dans le détail, ça donne par exemple :
- Pour Mouton Cadet : 14 résidus de pesticides différents (dont de la carbendazime, molécule interdite en France) sur le millésime 2010 analysé par la revue Que choisir.
- Pour Baron de Lestac : 14 résidus de pesticides (dont de la carbendazime, molécule interdite en France) sur le millésime 2012 analysé dans le cadre de l’émission « Spécial investigation ».
Morceau de bravoure, là aussi.
A propos du "documentaire" de "Spécial Investigation" : j'ai déjà dit par ailleurs tout le mal que j'en pense alors pas la peine d'y revenir en détail.
Le lecteur intéressé pourra se référer au billet en question.
Tout de même deux ou trois trucs en vrac :
- sur la présence de carbendazime, molécule interdite.
Qu'il y ait du carbendazime dans le vin n'implique pas nécessairement que le carbendazime a été utilisée : le carbendazime est un produit de dégradation du thiophanate-méthyl ... qui est un produit autorisé.
Insister lourdement sur "dont de la carbendazime, molécule interdite en France" sans préciser la possibilité d'une origine non frauduleuse témoigne, au choix, d'une honnêteté intellectuelle douteuse ou d'une méconnaissance profonde de ce que l'on prétend traiter.
Les deux ne sont bien sur pas incompatibles.
- sur la présence de 14 résidus de pesticides
Les vins en questions représentent des volumes conséquents, issus d'apports multiples venant de vignerons qui ne sont pas tous confrontés aux mêmes problématiques et, si c'est le cas, qui n'y répondent pas forcément de la même manière.
La présence de 14 pesticides différents témoigne de la diversité des apports, mais pas d'un recours systématique, massif et multiple de toute une panoplie de pesticides chez chacun des vignerons concernés.
Ce que faisant, je ne justifie pas : j'explique.
On pourra donc se retrouver sur la nécessité de réduire l'usage des pesticides chaque fois qu'on le pourra et de limiter, voire supprimer, la présence de leurs résidus dans notre alimentation.
Simplement si on pouvait éviter de le promouvoir avec des arguments pour le moins tendancieux ce serait bien mieux, non ?
- à propos de l'effet cocktail "encore pire"
Là, c'est purement et simplement de l'escroquerie intellectuelle !
Car que nous assène t'on ?
Faut-il rappeler.../... que l’effet « cocktail », dû à l’utilisation combinée de plusieurs molécules et adjuvants, est encore pire ?"rappeler" ? "encore pire" ?
Quand on consulte le lien fourni sur quoi tombe t on ?
Sept cocktails ont été testés dans cette étudeDonc :
.../...
Un seul de ces cocktails identifiés a montré une génotoxicité et ce, sur une seule des quatre lignées testées (foie, rein, colon, tissu nerveux)..../...
Nos résultats sur lignées cellulaires démontrent un effet génotoxique du fludioxonil et du cyprodinil sur des lignées de cellules humaines de foie, ainsi qu’un effet de synergie entre ces deux molécules. On ne peut cependant pas extrapoler ces résultats in vivo..../...
Les doses auxquelles nous sommes exposés sont, a priori, bien inférieures aux doses qui seraient toxiques sur un organisme entier, bien qu'on ne puisse pas accéder à ces valeurs sans une certaine marge d’incertitude.
.../...
Sur un plan fondamental, nous avons montré que l’effet cocktail existe, incitant à mieux en comprendre le mécanisme. On pense que certains composés peuvent modifier le métabolisme des autres, accélérant la formation des intermédiaires génotoxiques.
- l'effet cocktail n'est pas systématique ... mais fonction des cocktails (1 / 7 testés) et des lignées de cellules retenues (1 / 4),
- en l'état actuel ce travail n'est pas transférable in vivo,
- les doses dangereuses sont a priori très supérieures à celles auxquelles nous sommes exposés.
Bref :
Le but - et le résultat - de ce travail était de mettre en évidence l'existence d'un effet cocktail de façon à, ensuite, essayer d'en comprendre le(s) mécanisme(s) et - par exemple - de modifier en conséquence les procédures d'agrément des produits concernés.
Alors c'est peut être pas la peine de le tordre dans tous les sens pour lui faire dire ce qu'il ne dit pas (et se défend d'ailleurs de dire) !?
Car les infos apportées par ce joli boulot se suffisent à elles mêmes : pas la peine de leur faire jouer une autre partoche, sur un autre tempo.
Sauf bien sûr à se prendre pour une marmotte qui, tout d'un coup, se mettrait à jouer du hard rock (encore que les marmottes aient un certain talent, elles) :
Ça commence pas bien du tout, cette affaire. Notre ami est mal informé, voire aveuglé par ses dogmes. Les marques mouton-Cadet et Baron de Lestac ne sont pas, et de loin, les françaises les plus implantées dans le monde. Comme tu sais.
RépondreSupprimerOuaip.
SupprimerAutant que je sache le number one français est JP Chenet qui, en 2012, a pointé à la 9ème place du classement mondial avec 86 millions de quilles vendues chaque année.
Un nain comparé à Franzia et ses 285 millions.
Bon et bien tout va très bien Madame La Marquise...Enfin moi je me demande encore pourquoi je me sens toujours aussi mal après avoir bu un vin industriel, et si bien après avoir bu un vin naturel...Enfin bon ça doit être moi, hein...Bonjour chez vous.
RépondreSupprimerJ'imagine que ce doit être vous en effet. A moins que vous ne puissiez amener des éléments objectifs ...
SupprimerPour le reste : je ne vous dis pas que tout va très bien dans ce vaste Monde, je vous dis juste - et je vous dis pourquoi - bien des choses vont mal dans le texte qui me sert de point de départ. Ni plus, ni moins.
Depuis plus de 10 ans j'apprécie, défends et bois des vins naturels. La posture opportuniste qui consiste à stigmatiser les autres vins ne fait que desservir la cause, si c'en est une, de ceux qui produisent différent. A moins qu'il ne s'agisse uniquement d'utiliser tout cela pour faire son auto promotion et s'imposer en porte étendard des "Natures", ce dont ils n'ont pas besoin.
RépondreSupprimerPhilippe
Pas faux
Supprimer:-)