L. Boilly - "La gourmandise" (collection personnelle) |
Non, pas par le registre lexical choisi (encore que) : à savoir le cul, mais bien par le postulat culinaire.
Car oui : t'as parfaitement le droit de trouver répugnant que l'on bourre une dinde avant de la manger ... mais de là à proposer un substitut à la dinde - car c'est bien de cela qu'il s'agit : "la version vegan, d'une dinde farcie" - à base de tofu (pâte de soja) farci de tempeh (soja fermenté) que l'on fait mariner dans une sauce au soja avant d'enfourner, comment te dire ...
Ces deux là c'était chez ma mère, y a un moment. Pas impossible que depuis ils aient fini en carré, entouré d'une croute d'herbe. |
A l'exposition "Bistrot" de la Cité du Vin (Je n'ai pas noté le nom de l'auteur) |
Le chien j'en ai sûrement mangé. Ben oui : j'ai vécu à Tahiti. Or, sur le port de Papeete, quand tu demandes un hot-dog, y a de fortes probabilités que l'on te serve littéralement un hot-dog.
Puis j'évite aussi un certain nombre de viandes, et quand ce n'est pas la barbaque que j'évite, c'est ses conditions d'abattage auxquelles j'évite de penser.
Le vrai collabo.
Le velouté Butternut noisette de "l'Embellie" (Listrac Médoc) tient bien la route. |
De là à réveillonner avec du soja farci au soja qui a mariné dans du soja ...
Super festif, le concept.
La salade de tomates de Ronan Kervarrec à "L'Hostellerie de Plaisance". |
Faut juste avoir à peu près simultanément le bon produit, la bonne idée, l'envie de se faire plaisir.
La base, quoi.
Bon, pas forcément que la base.
Tout le monde n'est pas, par exemple, Ronan Kervarrec : le chef de l'Hostellerie de Plaisance, le mec qui te sert une salade de tomates à tomber.
C'est qu'une salade de tomates, hein ? Mais c'est tout sauf une putain de salade de tomates à la con.
Et il ne s'agit pas seulement de la vanille de Madagascar qui contribue à la sauce (d'ailleurs, perso : je préfère la vanille de Raiatea).
Surtout, avec la tomate : y a pas de profession de Foi à la mords moi le nœud, pas plus que de projet pour sauver le monde de la menace carniste.
Non juste un beau produit, un produit que tu crois connaître et qui se retrouve sublimé. Et te laisse sur le cul de ce que çà peut devenir quand il y a cette étincelle en plus.
Bref tout çà pour dire que la vidéo de PETA est formatée pour faire le buzz.
J'en ai d'ailleurs plein le cul des vidéos formatées pour faire le buzz. Et ce même si certaines me permettent de pondre des billets qui cartonnent (enfin, qui cartonnent ... à la mesure de mon blog. Autant dire que ces billets sont inexistants, au regard de l'audience des dites vidéos).
On fait le buzz, çà fait causer deux minutes ou deux semaines, puis on passe à la suivante.
Le degré zéro de l'argumentation.
Quelle tristesse.
Le concept du soja au soja mariné dans le soja appliqué à la communication.
Ceci dit, le buzz elle le fait, la vidéo.
Dans la foulée de sa sortie je l'ai vue passer sur tel ou tel mur Facebook, certains blogs aussi.
Ça y a pas mal couiné, genre un troupeau de dindes qu'on prépare pour Thanksgiving.
Le seul souci est que la plupart des réactions sont parties sur un tempo proche de celui de la vidéo, au moins en ce qui concerne le vocabulaire.
Je te laisse imaginer le truc et trouver le combo de ton choix avec, entre autres mots clefs : vegan / cuisinière / farcir / dinde / cul (enfin anu(s), si on veut coller au texte de la vidéo).
Pour être encore plus près de la vérité, ajoutes y quelques menaces bien senties ainsi qu'une poignée de qualificatifs habituellement réservés à l'arbitre qui te contrarie et dont la sexualité et/ou la profession de madame sa mère te posent question.
A croire que, en effet, bouffer des animaux morts (et parfois vivants) rend parfaitement con.
C'est pourtant intéressant, notre rapport à la nourriture.
Ainsi que son pendant dans cette histoire : notre relation à l'animal.
Il me semble être cartésien, en tous cas m'y efforcer.
J'ai pourtant du mal avec Descartes quand il en vient à l'animal machine.
Puis aussi avec Malebranche qui enfonce le clou, affirmant lui aussi que l'animal ne souffre pas (quoiqu'il en soit de ses cris et autres manifestations).
L'animal, une machine ? une machine qui ne connait pas la souffrance ?
Hardi petit : tout est permis !
Être viandard s’accommodant des abattoirs serait être cartésien ?
Alors sans doute le courant vegan dérive t'il, lui, de la pensée de Jeremy Bentham, promoteur des droits des animaux. Il fonde sa pensée sur la capacité à souffrir, lui donnant la préséance sur la capacité à raisonner.
Il est vrai que l'approche qui se fonde sur la seule raison exclurait de fait les nourrissons du champ de nos préoccupations (ou ceux qui, pour telle ou telle raison, ne sont pas ou plus en capacité de raisonner).
Oui, pour Bentham :
"La question n’est pas : peuvent-ils raisonner ? ni : peuvent-ils parler ? mais : peuvent-ils souffrir ?"
Ici, comme pour bien d'autres sujets, il y a des questions qui méritent d'être posées.
Des questions qui, me semble-t'il, appellent réflexion et réponses dignes de ce nom.
Mais non, on s'en cogne.
Posons notre cerveau et faisons des vidéos pas trop longues et bien caricaturales.
Et répondons y de façon tout aussi caricaturale.
Avoinons nous.
Je savais bien que j'en ferais un truc, un jour, de ces rats ... |
Les autres, ces abrutis sans malice.
Puis dans un mois ou deux on prend les mêmes et on recommence tout pareil.
Fait chier.
Joyeux Noël.
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