Ces derniers temps je me suis beaucoup intéressé à l'Appellation d'Origine. Ce qu'elle est, d'où elle vient et pourquoi. Aussi à ce qui la fonde et en quoi on peut et doit la questionner.
Il y avait un article à écrire, que j'ai rendu il y a quelques jours. "Le crépuscule des lieux".
Il devrait être publié en Juin et nous en reparlerons.
Moi, au moins.
Aussi, lorsque j'ai appris que "Le Monde" nous gratifiait aujourd'hui (24/04/2021) d'un article traitant, entre autres sujets, de l'Appellation d'Origine je me suis dit que j'avais sans doute raté un article de fond sur le sujet. Et que c'était dommage, mais que la lecture en serait tout de même gratifiante.
Car dans "Le Monde des VINS" sous le bandeau :
"Quand je vois certaines législations, je me demande : qui trompe qui ?",Ophélie Neiman retranscrit les propos d'Eric Morain. Avocat de son état et récemment élu "personnalité de l'année" par la RVF.
Et quand je lis certains articles je n'ai aucun mal à savoir qui trompe qui.
Celui ci en fait partie. Car ce n'est pas un article de fond, exception faite du fait que le fond on l'y touche.
Je passe tant sur le pedigree judiciaire d'Eric Morain que sur sa réponse à la question : "comment est né votre amour pour les vins nature ?", car ces sujets m'intéressent assez médiocrement.
Il n'en va pas de même de la suite.
Je cite la personnalité de l'année :
"Dans AOC, il faut se battre sur le O, origine. On est les rois du C, du contrôle. Mais si ce vin vient d'une aire déterminée, il doit bénéficier de son appellation".Maître Morain s'est trompé de siècle.
Et, peut-être, de jurisprudence.
Je m'explique.
Je m'explique tout d'abord en rappelant que nous n'en sommes plus au C du contrôle mais bien au P de la protection ... et qu'au vu de ce qui est écrit dans l'article que je commente, il va y avoir du boulot de P ...
Ensuite en faisant un peu d'Histoire. Et un rappel de la Loi, celle de 1919.
Car que nous propose Maître Morain ?
Tout benoîtement d'en revenir à l'ère des Appellations d'Origine "simples".
Celles qui découlèrent de la Loi du 6 Mai 1919.
Que disait, ou pas, cette Loi ?
Elle ne disait pas ce qu'est une Appellation d'Origine, et rien sur la qualité ou l'identité des vins qui pouvaient la revendiquer.
En effet elle se bornait à dire (et en 1919 sans soute était-ce un progrès ?) que les vignerons pouvaient revendiquer une appellation dès lors qu'ils avaient des vignes sur une aire géographique identifiée. Ce qui donnait de ce fait droit à la dite Appellation.
Après moult procès qui ont fait le bonheur des confrères de Maître Morain, cette Loi a fait la preuve de ses insuffisances, et nous en sommes venus à l'Appellation d'Origine Contrôlée puis, Protégée.
L'AOC ayant un temps cohabité avec les Appellations d'Origine "simples". Et c'était un joyeux bordel.
Or, ainsi qu'Ophélie Neiman nous l'apprend, selon Maître Morain le fait d'avoir planté des vignes, quelles qu'elles soient et quoi que l'on en fasse, devrait permettre de facto de revendiquer l'appellation contrôlée qui est rattachée au Lieu ?!
Ce retour à 1919 est absurde, ne serait-ce que parce qu'il ne constituerait en rien une défense du consommateur, ni du producteur. L'Histoire et la justice l'ont amplement démontré !
Dès lors promouvoir cette idée témoigne d'une profonde méconnaissance ou d'un mépris non moins profond pour l'Histoire du droit de la vigne et du vin, ainsi que d'une volonté de réduire à néant ce que sont les raisons et motivations des Appellations d'Origine tant Contrôlées que Protégées.
La suite de l'article est un plaidoyer pro domo pour les vins dits "nature" et la clientèle de Maître Morain. Un plaidoyer qui, naturellement, enfile les habituelles perles d'inculture œnologique.
Cette partie publi-rédactionnelle est navrante et a déjà maintes fois été traitée sur le blog. Je n'y reviens donc pas : les habitués savent où et comment chercher. Les autres sont déjà partis.
(Nota :
mon titre est emprunté au Macbeth de William Shakespeare)
Merci André pour cet article "rafraichissant". J'attends avec impatience ta réflexion sur les Appellations d'origine. Je déplore le désintérêt d'une partie de la profession pour cette reconnaissance censée protéger la qualité et l'origine des vins. Je trouve aussi regrettable qu'Ophélie Neiman et Maître Morain s'approprient le terme de "vin de lieu" si bien défini par Jacky Rigaux et qui ne s'oppose surtout pas aux principes des AOC. Personnellement, j'utilise toujours la mention AOC, comme la CNAOC nous invite à le faire en français. A bientôt, donc.
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