Tout fout le camp : chez les feuillants c'est plus du tout austère !



Je me suis longtemps interdit de traiter de vins que je voyais passer à titre professionnel, et ce pour quelque raison que ce soi. Bon, l'interdiction était assez peu contraignante : d'une part il y a parfois (rarement !) eu exception à cette pseudo règle et, d'autre part, je n'écrivais quasiment plus rien !
Pour différentes raisons, tout ça est en train de changer ....

Restait à savoir où commencer.
L'invitation de Denis Rataud à déguster quelques primeurs a réglé la question.
Denis Rataud ?
Sans avoir l'austérité d'un père feuillant, le maître de chai du Château Meyney est plutôt old school (le jour où Denis Rataud m'a dit "vous devez être un genre de Rataud, vous", j'ai pris ça pour un compliment (et ce devait en être un)). Compte tenu du fait que je ne suis plus vraiment un perdreau de l'année, sans doute est ce l'une des raisons pour lesquelles les vins, le personnage et son invitation me sont des plus agréables !

Donc dégustation à Meyney :


Une dégustation de primeurs à Meyney commence forcément par un blanc.
Sec, le blanc.
Je ne vais pas ergoter sur les grands blancs du Médoc et mon approche (que certains peuvent trouver singulière) des dits grands blancs (J., si tu me lis ...), puisque nous sommes allés sur un de mes terrains de connaissance et de prédilection : le sec de Rayne Vigneau.
Oui : j'ai déjà quelques quilles de ce sec là à mon actif (Diantre : Denis Rataud m'informe que l’œnologue conseil n'est autre qu'Henri Boyer. J'ignorais. Pourtant le nom ne m'est pas tout à fait inconnu ...)

D'ordinaire, ce vin passe bien avec plein de choses, et en particulier avec les "rillettes d'esturgeon et caviar" du petit père Laulau Dulau.
Même en l'absence de rillettes ce 100% Sauvignon se goûte déjà très bien, et reste dans son style habituel. Toutefois, à ce stade (et avec les réserves d'usage) il me semble peut-être être un peu moins exubérant au nez, mais avec une bouche un peu plus ronde. Ca restera à vérifier quand j'en aurai rentré dans ma cave, où le millésime précédent est en train de disparaître lentement mais sûrement !







On est sur une des jolies croupes de Saint-Estèphe ... donc on enchaîne sur Margaux. Saint-Estèphe serait le saint patron des éclectiques ?

Denis Rataud me propose La Tour de Mons, puis Marsac Séguineau.
Ce sont deux jolis vins (majoritairement Merlot) ; c'est le style du second qui en fait mon préféré. Alors, vu que je revendique le droit à la subjectivité (le devoir de subjectivité !?) - dès lors que je m'aventure même à peine hors de l'exercice purement professionnel - ça m'ennuie un peu quand je vois qu'Eric Boissenot est l’œnologue conseil qui suit le premier ; car j'apprécie tant Eric que ses photos (bien sûr aussi le Margaux "La Tronquéra" de la famille Boissenot ...).
Mais comme, si j'ai tout bien compris, il est aussi impliqué dans Marsac Séguineau je peux en profiter sans état d'âme ...




A Meyney, forcément il y a du Meyney !
Le 2013 de Meyney, je l'avais goûté peu avant, hors contexte et sur un fond d'échantillon.
Ce fut donc l'occasion de confirmer ma première impression : rien à redire à la vue, belle présence (au nez comme en bouche) de multiples notes de fruits noirs, de la matière, avec de la profondeur. Un petit bémol sur la finale encore un peu rustique.

En même temps, il y a un an de ça je faisais, en famille, un sort à un 2004 de Meyney (après un beau Puligny-Montrachet de Carillon). Il y avait aussi un soupçon de rusticité sur cette finale là ... le genre dont je ne me lasse pas (en même temps quand tu vis dans le Médoc, la rusticité est un exercice quotidien). C'est qui l’œnologue conseil ? Hubert de Bouärd (en 2013 je préfère Meyney à la Fleur de Bouärd. Comment ? Ca n'a rien à voir ? Certes).



Comme il fallait bien que je finisse par redescendre à Pauillac, c'est Grand-Puy Ducasse qui a servi de sas de décompression (Hubert de Bouärd, ici aussi).
De toute évidence, dans ce 2013 il y a de la matière et plein de jolies choses autour.
Pour autant il y a aussi, du moins à ce stade, une prise de bois et une phase de fermeture qui desservent le vin (sans doute est on là dans l'une des limites de l'exercice des dégustations en primeurs).
A revoir, donc, dans un délai qui permettra à ce qui sera sans nul doute un beau vin de se présenter sous un meilleur jour ...



Enfin, retourner à Pauillac, retourner à Pauillac ... oui, mais pas avant d'avoir fait un petit tour de manège sur Rayne Vigneau !
Que dire qui ne soit d'une affligeante banalité ? la fraîcheur, la sucrosité, l'équilibre, le fruité ? soupir ...
Non.
Juste que l'avantage d'avoir de vieux enfants c'est qu'on peut goûter de vieux Sauternes. En décembre Sarah aura 25 ans, ce sera donc l'occasion de finir (déjà !?!) Suduiraut 1989.
Alors, quand je goûte ce Rayne-Vigneau 2013 je me dis ... non, je ne me dis rien de cet ordre, en fait. Car je me rends compte que plus je vieillis et plus je les apprécie (relativement) jeunes ces vins. Du coup, même plus besoin de faire des enfants pour avoir un prétexte dans 25 ans : il serait dommage de rater ce beau fruit en attendant trop longtemps !
(d'une façon générale les quelques 2013 que j'ai goûtés du coté de Sauternes étaient tous de belle facture)


PS : 
à consommer avec modération, et tout le tintouin.

PPS :
Denis Rataud à Meyney, de Bouärd par endroits, Eric à Margaux, Anne Le Naour partout.


PPPS : 
Meyney on en reparlera dans un mois, au programme jolie série : 2009 - 2010 - 2011.
Là ce sera avec mon autre fille (celle qui est en stage chez Cordier, d'où Meyney !)
(Meyney, mais pas que)

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