Les contes de mon Merlot ?
Oui car n'en déplaise à l'ANPAA il existe des vins qui, au delà de leur nom, content de belles histoires.
Des histoires au moins aussi belles et distrayantes que ces "contes de ma mère l'oye" qui, relus à l'âge adulte, te font comprendre pourquoi ils ont engendré des générations de psychopathes ou de parachutistes, les deux ne sont pas d'ailleurs incompatibles (pour ma part, ayant servi dans les chasseurs ...).
Bref : les contes de mon Merlot.
C'est que Samedi dernier je n'étais pas au Grand Tasting, à Bordeaux !
En effet : ce même samedi une dégustation était prévue de longue date, avec l'habituelle cohorte d'amis ... et cette fois le thème en était le Merlot.
Les Merlots.
J'en avais, pour ma part choisi 5 puis ajouté in extremis un sixième.
De gauche à droite :
- Un Côtes de Castillon, par Alain Tourenne au Château Beynat : le bio du soir (espoir).
- Un Margaux, par Eric Boissenot, car Eric n'est pas qu’un œnologue et consultant reconnu : il vinifie aussi son propre domaine : Le Château les Vimières (Haut Médoc), avec Le Tronquéra, cette parcelle de Merlot en appellation Margaux.
- Une mini verticale à Montagne St Emilion : le Clos de la Barbanne des Gerber, que j'évoquais déjà par ailleurs).
- ... et, absent de la photo de groupe, en guise d'invité de dernière minute : un Merlot (bio, lui aussi) de Gérard Bertrand.
Initialement j'avais aussi prévu de mettre également le Merlot préphylloxérique des Dief (Clos Manou 1850 (2011)) ... mais j'avais très récemment ouvert une (ma !) bouteille de cette micro cuvée à l'occasion d'une dégustation dont je parlerai plus tard ... il ne m'en reste donc plus qu'un magnum, qui attendra. Longtemps.
J'aurais aussi pu (du ?) mettre le Balthus de Reignac, puis en fait non.
Deux autres vins devaient arriver mais comme David Vincent : au cours d'une nuit passée sur une route perdue dans une lointaine campagne ils ont dû croiser une soucoupe ou que sais je d'autre ... on ne les a donc jamais vus (pas plus que celui qui devait les amener) ni bus !
Donc, finalement, 6 quilles qui furent mélangées par une main aussi innocente que possible, puis débarrassées de leurs capsules et enfin recouvertes avant d'être finement dénommées M. E. R. L. O. et enfin T.
Alors ...
M
"M" comme Mauvaise pioche !
Non : c'est pas que le vin n'est pas bon, bien au contraire ! C'est juste que c'est un sacré gaillard qui tamponne bien ! Alors le passer en premier, c'est rude pour les suivants.
Très jeune à l’œil comme au nez (cassis, violette), avec un boisé présent (réglisse).
Donc pas le truc où tu sens la planche et les stères de bois, hein ? Car ce boisé est bien fait et déjà intégré, et il ne masque ni le fruit ni le vin ! mais on sent bien que, en dégustation pure, c'est encore tôt pour lui.
En bouche y a une très grosse matière : on est dans le démonstratif. Le démonstratif équilibré et qui t'arrache pas les papilles, mais de toute évidence il faut lui laisser encore quelques années pour s'assagir un peu et devenir un beau compagnon de table.
Au premier abord, malgré le beau fruit, c'est le genre de quille sur laquelle j'aurais pas mis 10 cents pour un 100% Merlot !
Belle quille en tous cas.
J'aime beaucoup mais il faudra y revenir plus tard pour l'apprécier pleinement.
In fine, 2 dégustateurs le mettront en tête.
E
Tout jeune encore.
Joli fruit noir, pointe florale, boisé déjà fondu. Harmonieux et friand en bouche autant qu'il est intéressant au nez.
Goûté juste après le M. et sa puissance, alors au premier abord il semble moins structuré qu'il ne l'est en réalité. Car il y là aussi de la puissance, mais aussi de l'élégance.
J'aime beaucoup.
1 dégustateur le mettra en tête.
R
On est dans un style proche du E, mais avec un équilibre légèrement différent.
C'est très jeune encore. La robe rubis est de bonne intensité, avec un nez ouvert sur un joli fruit.
L'attaque est ronde, c'est élégant, harmonieux, plutôt sur la fraîcheur, avec une jolie finale soutenue par le boisé / épicé.
Déjà plaisant, peut et doit attendre encore quelques années. Pour autant il est, aujourd'hui, plus accessible que le E avec lequel il a un air de famille très net.
C'est le préféré de 3 dégustateurs.
L
Un vin de toute évidence encore jeune, mais déjà complexe et surtout vraiment très élégant.
Depuis le nez (fruits noirs, notes florales, épices douces, bois précieux, pointe de cuir), jusqu'à la totalité de la bouche (dense, soyeuse, équilibrée et surtout trèèèèèèèèèès longue) c'est remarquable d'équilibre et de finesse.
Y a de la matière, et de la belle, mais c'est soyeux et velouté.
J'aime beaucoup.
Aujourd'hui c'est mon numéro 1, sans hésitation. 7 des participants partagent ce point de vue et, au vu de la jeunesse et la belle tenue de ce vin, son leadership risque durer encore.
O
Bon, là, dès l'entame y a pas photo, ni mystère : celui là c'est l'intrus, l'invité de dernière minute.
Il faut dire que sa robe est légère autant que jeune, et que le nez - bien que joliment fruité - est fort simple. La bouche, bien que fraîche et agréable, n'a rien de comparable avec celle des autres vins tant dans sa structure que pour sa longueur.
C'est un petit vin de soif, au demeurant bien fait.
J'avais acheté çà moins de 5 € au supermarché du coin ... comparé aux 25 ou 30 € généralement pratiqués pour les autres quilles c'est pas indécent.
Mais on n'est pas dans le vin d'auteur, ni de terroir. Pour autant ça pourra en rassurer certains de savoir que c'est bio.
Quoiqu'il en soit, ça reste un rapport qualité prix sans doute très correct. N'empêche : même s'il m'est arrivé de boire bien pire pour bien plus cher, ce n'est pas ma tasse de thé. Mais je suis un chieur, c'est bien connu (et puis boire le vin d'un type qui a joué au stade français !?).
Sur ce coup là je ne suis pas le seul : personne ne le met en tête ... mais, encore une fois, l'ensemble de la concurrence jouait dans une autre catégorie ! Ce classement a donc, pour cette bouteille, encore moins de sens que pour les autres (car franchement : l'exercice est un peu v(a)in).
T
Dès l'entame il me semble clair qu'on a là le troisième larron du Clos de la Barbanne, tant l'air de famille est, ici aussi, sensible.
Air de famille ? Oui, d'autant plus qu'on a ici une sorte de parent proche des E. et R. : tout aussi jeune que ces deux compères, ce vin est un beau compromis entre la structure et l'élégance du E. ainsi que le fruité épicé et l'amabilité du R.
Un de ces vins que l'on qualifie sans peine de "vin de garde" mais que l'on peut boire relativement jeunes avec plaisir ... mais c'est sans doute se priver de jolies choses. Pour ma part je pense qu'il mérite d'attendre encore un peu pour gagner en harmonie.
1 dégustateur en fait son n°1.
Ceci étant posé qui était qui ?
M
Côtes de Castillon
"Cuvée des Lyres" (2011)
au Château Beynat.
A faire entrer en cave ! (avec le joli Sauvignon by Beynat).
E, R et T
Montagne Saint-Emilion
3 Concertos du Clos de la Barbanne :
E (2010)
T (2011)
R (2012)
Joli trio ... et ça tombe bien car c'est aussi le Noël 2014 de Cécile et son chéri ! Et je vais retourner en prendre pour moi !
L
Margaux
"Château les Vimières - Le Tronquéra" (2010)
(J'ai encore quelques bouteilles en cave. Elles vont y patienter !)
O
Merlot Sud de France (2013).
Gérard Bertrand
Belle soirée, comme les précédentes, en plus Jean Rouquet et moi même étions d'accord sur l'ensemble des dégustations, ce qui ne gâche rien ... et surtout pas son toujours aussi beau Roquefort - Caves Baragnaudes !
Pour le reste c'était un peu comme l'école des fans : tous les candidats avaient des qualités t les juges étaient bienveillants.
Et c'est vachement bien comme çà !
(message personnel en forme de private joke adressé à David : tu vois, tu peux être rassuré, je suis aussi un type super consenuel)
La prochaine fois sera probablement en février 2015, et le consensus semble s'être fait sur le même exercice, mais en Chardonnay cette fois !
C'est donc, à suivre ....
Comme toujours c'est à consommer avec modération, car l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
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