Le coup d'avant on s'était ratés. Enfin j'avais pas pu venir : j'étais va t'en savoir où ...
Donc là j'avais planifié le truc !
Le truc ?
Une soirée dégustation à la LPV, tout près de Bordeaux.
Ouais : on s'était virtuellement cotoyés sur LPV.
LPV, je n'y suis plus mais Christian et Eric y sont encore. Christophe aussi.
Mais ce soir là, samedi dernier, c'est Christophe qui n'était pas là. Dommage : quelques jours avant un autre de mes (rares) lecteurs m'avait lui aussi pris pour lui. Faut dire que, par certains points, on se ressemble : il faut dire que c'est Eric qui m'avait envoyé sur LPV, postulant - à juste titre - que, au moins avec Agitateur, ça se passerait bien ... il n'avait pas tort.
Bref : un repas, des convives et surtout que chacun vienne avec 2 bouteilles. Pour les goûter à l'aveugle.
Pour ma part j'avais décidé d'être médocain, dans le classicisme pour une bouteille, un peu plus joueur pour l'autre.
Donc, et par ordre d'apparition sur la table :
Tout d'abord un Anjou blanc sinon hors d'âge du moins d'un âge avancé ... et indéterminé !
Y a encore du vin et un vin qui se révèle au fur et à mesure que le temps passe.
L'exercice est rigolo, même si ce style de vin n'est pas ma tasse de thé, j'avoue sans mal que ça a plutôt bien tenu ... mais sans savoir l'âge réel de ce vin c'est un pur exercice de style !
En tous cas il est assez bien passé avec les coquilles Saint Jacques.
(Autant le dire de suite : mon iPhone et moi faisons des photos pourries.
Et là une photo qui, pour le coup, ne rend pas justice à la cuisson des coquilles qui semblent bien jaunâtres !)
Vient ensuite un joli vin qu'avec son côté poiré et mentholé j'aurais volontiers baptisé Chenin, avant de le mettre en Val de Loire.
Bon, il était bien en Val de Loire ... mais à Sancerre.
Faut croire que j'ai le palais faussé par tous ces Sauvignons bordelais ...
Du coup, sauf à passer pour un peintre, c'est un peu tendu de commenter un vin sur lequel tu t'es vautré.
Non ?
Si !
Mais c'était bien en tous cas. Tendu, justement, pais pas trop. Belle quille.
S'ensuit un vin à dominante Sémillon qui m'a lui aussi mis dans les choux, ce qui ne veut pas dire qu'il le sente, le chou, puisqu'il est plutôt sur un côté fruits à pépins et épices douces.
Plaisant, mais je ne pense pas me relever la nuit pour en reprendre.
Une belle viande rouge arrivant, je sors ma première cartouche : le baron de Brane (2001)
Forcément au nez on est à Bordeaux, avec un vin qui annonce qu'on est en approche de l'apogée.
Ca sent joli, quoi.
En bouche çà commence bien, et çà continue pareil ... et c'est en finale que çà se dégrade : ça manque de finesse, car il y a un grain pas très joli (un peu comme sur mes photos, le plus souvent ...).
De plus cette sacrée finale est plutôt courte et grossière : double déception car d'une part il partait bien ce maudit vin et, d'autre part, c'est l'année de naissance de mon fils, qui se goûtait, ce soir là !
Ca se gâte vraiment avec un triste Bordeaux, pauvre Merlot.
Aucun intérêt.
Sur 2009, pourtant, on était en droit d'espérer une quille qui ait de jolies choses à dire !
On passe sans regret. En même temps c'est bien, des fois, de remettre les compteurs à zéro et de les étalonner, en goutant un truc qui n'est pas au niveau !
Comme on sortait d'un Merlot, j'ai tiré ma deuxième cartouche :
Clos Manou 1850 (2011).
Oui : le Merlot préphylloxérique de Françoise et Stéphane Dief).
C'est une cuvée confidentielle : à ce jour 2011 est la plus récente année de production de ce vin, dont ils n'ont alors fait que 2 barriques.
Je le goûtais pour la première fois.
Déroutant au premier abord : beau Merlot avec une grosse matière, de la maturité et un boisé qui souligne tout ça sans l'écraser.
Mais en bouche il y a cette fraîcheur un peu déroutante (et à laquelle tout le monde n'a pas adhéré, d'ailleurs) qui bouscule les repères habituels.
Là aussi, sans savoir ce que j'avais dans le verre, je ne sais pas bien ce que j'en aurais fait de ce vin. Pas un Merlot, ou pas un pur Merlot en tous cas.
Du coup vague regret de ne pas être resté à ma première idée : venir avec ce Merlot là, mais aussi avec Le Tronquéra : le Margaux 100% Merlot d'Eric Boissenot (mais cette dernière bouteille j'en ouvrirai une Samedi, lors de mon grand Tasting à moi).
Du coup on enchaîne avec un retour en Val de Loire, mais en restant dans la thématique : bien sur pas celle du Merlot, mais bien celle du franc de pied.
Forcément on n'a pas la même matière que le précédent, ni le même équilibre ... quoique ! Car tout bien considéré on retrouve quand même le même genre d'équilibre avec cette agréable et surprenante fraîcheur qui sous tend le vin.
Faut il dire minéralité ou fraîcheur ?
C'est la question à 10 cents des modes langagières. Je préfère fraîcheur. Même si c'est pas forcément plus explicite.
En tous cas le vin est bien et c'est l'essentiel, et ce quels que soient les mots que l'on met dessus.
Dans la série "comment se vautrer en 10 leçons et 10 vins" s'ensuit une quille dont, une fois que tu l'as goûtée tu te dis :
"bon sang mais c'est bien sur : c'est un Petit verdot !"
Un Petit verdot pour sa couleur, son aromatique (fruits noirs, prune) ... mais qui me mène bien loin des derniers goûtés qui par chez moi sont, le plus souvent, sur des équilibres bien différents.
On finit par une autre belle quille, qui porte bien ses 10 années.
Robe qui indique une évolution réelle mais modérée, nez de fruits rouges un peu viandés, un peu de torréfaction. Bien équilibré, très belle trame tannique, tout ça fondu et élégant.
Jolie finale.
Très jolie bouteille, du coup ! Qui peut sans doute attendre mais me va très bien comme ça.
Le gag du soir c'est cette bouteille.
Avec scellés et tout le toutim.
Mais à l'intérieur : de l'eau et du caramel liquide.
Surprenant de tomber sur un travail de faussaire aussi facilement reconnaissable (quand tu le mets en bouche).
Pour finir j'ai fait la groupie en me faisant dédicacer les bouquins d'Eric par Eric.
Soirée vraiment très agréable !
Merci à nos hôtes et aux autres convives !
(aussi aux vignerons, bien sur)
(vivement la fin de l'année : je commence à devenir sirupeux, moi ...)
Pour finir :
- l'abus d'alcool est dangereux pour la santé,
- l’alcool est à consommer avec modération,
- et puisque mon fils de 13 était là : la consommation d'alcool est interdite aux mineurs de 18 ans (d'ailleurs mon fils a fait comme nous : recraché).
Commentaires
Enregistrer un commentaire