De Londres et Pulitzer à Charybde et Scylla

Dans l'un de mes derniers billets je m'en prenais à de récents articles prétendant faire de la science à propos de vin, ainsi qu'à ceux qui - à mon goût - les commentaient bien mal.

Dans la foulée, l'un des auteurs de l'article rédigé par les étudiants en journalisme me contactait : il se trouve que nous avons une connaissance commune.
Un tout petit Monde.

Il me contactait pour me faire une réponse assez rigolote :
C'est quand même fou de parler seulement de cet article alors qu'on en a écrit une vingtaine au moins sur le sujet. Si vous ne vouliez pas que cet article soit "le buzz du moment", vous n'aviez qu'à parler des autres articles, tous très sérieux, qui eux comptabilisent 300 vues quand celui-ci en comptabilise 1300. Allez je suis sympa je vous mets quelques liens :








Puis vous partez d'un constat qui n'est pas bon aussi, une poignée d'étudiants sur 12, c'est pas la moitié, les seuls au courant étaient les trois qui étaient partis faire les courses.

Et promis c'était pas du tout pour faire quelque chose de scientifique qu'on a écrit ça, c'est juste un ressenti, je crois que le ton de l'article le montre bien, et qu'on le dit assez.

Bisous.

Que répondre à cela ?

- que ce n'est pas moi qui détermine ce qui fera ou pas le buzz : le buzz je le subis et, parfois j'y réagis ... quand il est assez efficace pour arriver jusqu'à moi. 

- que faut pas avoir peur pour venir me chatouiller sur mes constats : quand on voit les leurs ... et que, en outre, 12 testeurs c'est trop peu ! D'autant plus que si sur 12 il y en a ne serait ce que 3 qui ne goûtent pas à l'aveugle ça enlève illico tout vague résidu de crédibilité au bouzin !

- que je trouve assez étonnant qu'après que j'ai écrit que ce truc était une pantalonnade sans rien de scientifique on vienne me dire, en prenant des airs de vierge effarouchée, que : "mais oui bien sur et c'était clair depuis le début" ... alors que, dans le même temps, l'on se garde bien d'aller détromper les commentateurs enthousiastes en leur disant qu'ils se sont fait berner par de joyeux drilles qui faisaient pas de la science mais qui causaient juste de leur ressenti ...
Je comprends plus très bien (ou, au contraire trop bien).


- que c'est pas bien grave car c'est un genre de pêché véniel et qu'on sent bien que c'est un travail d'étudiants, car les vrais pros sont capables de faire bien pire !

Midi Libre : "Vins : à la recherche des pesticides"

Sous ce titre presque neutre se cache, là aussi, une pantalonnade de la pire espèce.

De quoi s'agit il ?

La dernière expérience de GE Séralini.
Séralini ?
Oui, le type qui présente des résultats spectaculaires basés sur des protocoles expérimentaux qui se font invariablement démonter, mais on s'en fout : ils ont fait le buzz avant, et après on crie au complot d'une communauté scientifique soit corrompue, soit aux ordres.

Rappelons quand même que les résultats on s'en tamponne le coquillard avec une patte d'alligator femelle car ce qui compte c'est avant tout :
- 1. la façon dont ils ont été obtenus, et
- 2. qu'ils soient reproductibles.
Après on peut éventuellement commencer à discuter.
(je la fais courte car ceux qui sont convaincus par ce que je dis ont pas besoin de plus ... et les autres c'est pareil en fait puisque Séralini les confortant dans leurs croyances, c'est donc un martyr en puissance et moi et mes semblables sommes de toute évidence des sbires de Monsanto).

Bref qu'a t'il encore inventé ?

Modèle de neutralité il annonce à ses cobayes qu'il va, je cite :

"[leur] expliquer l'organisation de la criminalité sur Terre".
pour ce faire il leur sert un vin bio qui est identifié et un pas bio qui n'est pas identifié :

"pour ne pointer un producteur en particulier, le nom du vin traité avec des pesticides est tenu secret"
Très accessoirement ça empêche quiconque de reproduire "l'expérience" dans les mêmes conditions, de vérifier les taux de pesticides, et rend impossible la vérification que les deux vins sont bien, comme on nous l'affirme :
"[de] même origine, même cépage, même année. Seule différence l'un est bio, l'autre pas".
Bien sur le pas bio est gavé de pesticides dont on nous annonce les effets tant pervers que dévastateurs.
Au vu la description qu'il vient de faire, q
uand tu penses que Séralini va les faire boire à ses cobayes tu te demande si ce type est pas un dangereux psychopathe.
Bon, en même temps c'est pour la Science alors tant pis si y a des pertes, car l'article nous apprend que les pesticides en plus il les leur fait "gouter ou seulement sentir" seuls et en mélange.


Le mec il leur fait gouter des pesticides ? purs puis en mélange entre eux ??
Je croyais que le but c'était d'expliquer l'organisation de la criminalité sur Terre, pas d'en appliquer les principes en tentant d'assassiner 22 cobayes gagnés à la cause du bio !?


Après tu peux aussi avoir une pense émue pour le vigneron mystère qui s'est semble-t'il évertué à traiter ses vignes (et non pas son vin, car ce n'est pas - comme le prétend l'article - le vin qui est traité !) avec 5 fongicides différents.
Il doit pas aimer les cèpes, le type !
Je vois que çà pour s'amuser à bombarder ses vignes avec 5 fongicides différents et à le faire à des doses telles que chacun des 5 reste présent dans le vin.
C'est digne du Livre de Records (bien sur, loin de moi l'idée saugrenue de remettre en cause l'honnêteté intellectuelle des organisateurs de cette mascarade).


Forcément :
"Le vin A est un peu putassier. Il n'y a pas d'harmonie nez bouche et, au bout d'une heure, il perd ses arômes."

"Le vin B, lui, est au départ plus fermé. Il a un développement plus long, plus subtil en bouche. Il est bien aligné avec le nez, il a quelque chose d'aérien. Pour moi le vin B est sans pesticide."
Bien sur 16 dégustateurs sur 22 partagent ce jugement sans appel.
Parce que quand tu mets des méchants pesticides à la vigne, forcément ton vin sera putassier et perdra ses arômes au bout d'une heure.
C'est d'une évidence folle.


D'autant plus folle quand tu es allé faire un tour dans un laboratoire d'analyses spécialisé dans la recherche de résidus de pesticides, et que tu y a vu l'investissement en personnel et en matériels que ça demande !
Tous ces scientifiques sont des truffes ! Pourquoi se faire chier avec une chromato en phase gazeuse alors qu'il suffit de filer les vins à Séralini : ils les fait gouter a ses potes et, après une simple dégustation, ils te diront si tes vins sont gavés de pesticides sentant la banane et si, de surcroit, ils sont ou pas putassiers.
C'est la mort des labos cette expérience.


Bref les pesticides filent le cancer et, en plus, ils dénaturent le goût du vin.
Malheureusement, de son côté le bio empêche pas de dire et d'écrire des conneries.








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