A propos de dents de chien, d'un chat borgne et de Vivaldi.


Suite à mes deux derniers billets (surtout le dernier, en fait car l'autre était un genre d'échauffement) il y a eu quelques réactions. Du genre contrasté les réactions, comme on dit dans les communiqués officiels et polis.
L'une d'entre elles m'a un chouia - juste un chouia - étonné : elle disait en substance que, in fine, ce que je dis on s'en fout vu que j'ai pas d'audience. Ou si peu.
Au delà du fait que ce sont généralement les gens avec lesquels t'es pas d'accord qui te rétorquent çà, et que c'est absurde,  ce genre de chose me laisse quand même un tantinet perplexe : ce qui compte n'est donc ni la validité ni l'intérêt de ce que tu dis, mais seulement le bruit que ça fait avec tes followers ?
Vivent les gros bataillons ...
Putain, quelle tristesse ... puis c'est bien la peine de venir donner des leçons de morale sur l'intérêt de défendre le petit commerce contre la Grande Distribution !

A propos de l'audience, qu'on ne s'y trompe pas : je suis ravi quand un de mes billets fonctionne bien et c'est bien moins rigolo quand il sombre dès sa sortie dans un si triste oubli (enfin, oublier un truc qui n'a quasiment jamais existé ...).
Pour autant l'important ne me semble pas être là ... d'autant qu'il faut bien dire que, sur ce blog, la différence quantitative entre un billet qui marche et un qui est mort né n'est, à de rares exceptions près, pas énorme : je reste dans le bas bruit.
Bref, je me fais plaisir et si je rencontre un lectorat, aussi restreint soit-il, çà me va bien.

Mais j'ai décidé de prendre les choses en mains et ce billet va tout changer puisqu'entre autres sujets cruciaux il y sera question de quelques blancs bourguignons, d'un chat borgne, d'un restau étoilé et de musique baroque (enfin, si tant est qu'on puisse considérer Monteverdi comme un compositeur baroque. Si, si : on peut, mais çà se discute (oui, c'est encore un private joke à la con)).

Sur ce coup là, autant dire que je vais péter tous les scores d'audience de mon cœur de cible : les 75 ans et plus qui aiment les chats et les contre ténors.


Le point de départ est le festival de musique baroque de Beaune.
33ème du nom.

Pour un type qui place Vivaldi au dessus de tout, c'est un genre de Graal.
Sans compter que, justement, le Samedi soir du premier week-end Vivaldi était là avec ses Grands Motets : Stabat Mater, et Nisi Dominus.
Et aussi, pour faire bonne mesure, l'Infirmata Vulnerata de Scarlatti.
Le tout sous la houlette (et la voix) de Damien Guillon avec l'Ensemble Le Banquet Céleste.

Le lendemain un Oratorio : “Les Vêpres de la Vierge de 1610” de Monteverdi.
Ce coup là c'est Rinaldo Alessandrini qui dirigeait son Concerto Italiano.



C'était aussi, bien sur, l'occasion d'enfin refaire un tour à Beaune pour tenter d'y retrouver mes repères (vins / bouquinistes / restaus / hôtel : j'ai des joies simples).

Monter à Beaune.
Retrouver la plaisir de cette ville et de ses environs (surtout Puligny Montrachet), aussi l'hôtel et Ouzo ce bon gros vieux matou massif et devenu borgne. 15 ans maintenant, le petit père !
Borgne ? Une sombre histoire de greffe qui n'a pas pris mais va être retentée.
Il est sympa, Ouzo. Le gars placide.





Aussi une escale au Bénaton.
J'irais pas jusqu'à dire que le Bénaton était ma cantine mais c'était un concept assez proche de çà.
Très belle table.
Elle l'est toujours, belle.
Beaux produits bien travaillés
Joli vin aussi : chez Larue, un Saint Aubin 1er Cru Murgers Dents de Chien (2013).

Y a juste que le dimanche midi, celui là en particulier, çà pique un peu quand on passe à la caisse.

Ca pique même beaucoup.

Mais le niveau de prestations est top ... surtout si on compare à l'infâme gargote qui suivit, le soir même, faute de réservation en temps et en heure dans le restau visé.



Le restau visé était Le Gourmandin.

Et, pour le coup, c'est bien Le Gourmandin qui était ma cantine, au bon vieux temps jadis.
Le Gourmadin n'a eu droit qu'à un trop rapide passage le Samedi soir (sympa les gambas. Il faut dire que Beaune est un beau port de pèche à la crevette) avant le premier concert.






Superbes Stabat Mater et Nisi Dominus (Vivaldi donc).
Assez proche me semble t il de l'interprétation d'Andréas Scholl (même si la disquaire sympa rencontrée à la sortie de la basilique m'a rétorqué que Scholl a une voix plus lyrique et Guillon plus intériorisée. Je la crois volontiers).
Vivaldi, dans la basilique, par Damien Guillon : belle voix de contre ténor, pleine et puissante aussi.
L'Infirmata Vulnerata de Scaralatti était tout aussi remarquable.
Le pied.



Au passage, vérifier s'il y a toujours de jolis vins au Bistrot Bourguignon.

Et çà tombe bien y en a toujours !







Le Dimanche après un long passage aux Hospices (pourquoi se priver de ce bel endroit ?), s'ensuit un petit tour dans les vignes autour de Puligny Montrachet.







Puis pousser jusqu'à Saint Aubin, y trouver le caveau de vente, et y déguster 4 vins :






Domaine Gérard THOMAS

St Aubin 1er Cru : Murgers des Dents de Chien (2013)
Belle robe pâle, aux reflets dorés.
Nez très frais de fleurs blanches et fruits secs. Minéral par dessus le tout.
Belle attaque en bouche avec du gras et de la fraîcheur : équilibre très réussi. En bouche, l'aromatique est aussi présente, complexe, et plaisante avec un long retour sur une finale tendue.
Très beau vin dès maintenant ... ou dans quelques années.



Marc COLIN & Fils

Saint Aubin 1er Cru : La Chatenière (2012)
Robe de teinte plus soutenue.
Nez très ouvert mais plus marqué par l'élevage (notes beurrées, vanillées) avec du fruit à noyau.
Bouche ample, de beau volume. Du fruit, du brioché ainsi que  le boisé toujours là, bien que se fondant. Belle finale fruitée (pêche).
Un style plein, radicalement différent de celui du Dents de Chien (normal c'est un Chat(enière)).
Je prends les deux, forcément.



Aussi goûté deux rouges ... mais j'ai décidément le palais formaté par le sud et je continue à avoir du mal avec la plupart des rouges bourguignons. Ceux là en tous cas.




Le soir, Rinaldo Alessandrini et le Concerto Italiano dans les Vêpres de la Vierge Marie. Toujours dans la Basilique de Beaune.
Beaux instrumentistes, remarquables solistes (mais pourquoi j'ai toujours, devant moi, un type qui ne tient pas en place ?).

Monteverdi, c'est moins mon truc que Vivaldi (même si son Stabat Mater m'enchante, lui aussi), mais c'était un beau et grand moment (particulièrement à mon goût à partir du Nisi Dominus) ... il faut dire que lz début a été un peu difficile avec les cuivres qui couvraient les solistes.



Après, lors des autres week-ends, il y aura René Jacobs et Bach, mais aussi le si beau King Arthur de Purcell, et puis William Christie et les Arts Florissants ou bien encore la Missa Solemnis de Beethoven (spas un baroque celui là !?).
Programmation de folie (pour qui aime ce genre de musique !).Mais il faudrait juste passer 4 week-ends consécutifs à Beaune ...

Plutôt redescendre à Libourne ...

Commentaires