Sous le charme des bacchantes


Le premier des silènes dont je me souvienne, je l'ai croisé au Muséo civico d'arte  de Bologne.

Quand je dis que je l'ai croisé, je devrais plutôt dire que je suis tombé en arrêt devant lui, pour ne quitter qu'à regret ce très beau petit objet en ivoire.

L'un de ceux qui me font regretter de ne pas être cambrioleur de haut vol.




Lorsque j'ai su que la Galerie du Musée des beaux arts de Bordeaux abritait l'exposition "Bacchanales modernes", la tentation était donc forte.
Pas la tentation de m'y lancer, finalement, dans une carrière de cambrioleur (quoique), mais seulement d'y aller roder parmi les œuvres exposées.
C'est fait.

A. Gendron : "Les Willis" (détail). ca 1846.


Si, aussi envoutantes soient elles, "les Willis" (ou "les Ondines") d'Auguste-Ernest Gendron ne sont que très modérément dionysiaques, le superbe couple que font les "satyre et bacchante" de James Pradier justifient à eux seuls la visite de cette exposition (d'ordinaire ils sont au Louvre) ... et sont bien dans le thème ("Le nu, l'ivresse et la danse dans l'art français du XIXème siècle") :

J. Pradier : "Satyre et bacchante" (détail). 1834
J. Pradier : "Satyre et bacchante" (détail). 1834





















JL Jerome : "Bacchus et l'Amour ivres". 1850

Jolis "Bacchus et l'Amour ivres" de Jean-Léon Gérome.

Superbe carnation des deux personnages dont le traitement semble très académique, pour autant ils dégagent un charme et une gaité peut-être un peu moins académiques ?
Superbe et charmant, quoi qu'il en soit.



A Bourdelle : "Vieille bacchante". 1902-1903


Étonnante vision de bacchante avec cette "Vieille bacchante" d'Antoine Bourdelle, le montalbanais (
avec Ingres, l'autre montalbanais).
Bien sûr la posture est conforme à celle des bacchantes "habituelles" mais pour ce qui est de la silhouette, on penche plutôt vers la Vénus de Lespugue (pour rester non loin de Montauban).




Alors prendre le temps de tourner autour des bacchantes de Jean-Baptiste Carpeaux.
Des bustes très déshabillés - et très rieurs - qui proposent une vision plus habituelle mais pas moins plaisante des bacchantes. Du charme, de l'énergie, de la fraîcheur et, sans doute, une excuse facile à qui veut reluquer à bon compte des créatures émoustillantes :





JB Carpeaux : "Bacchante aux lauriers". 1869
JB Carpeaux : "La bacchante aux roses". 1869




Alors j'ai reluqué, tourné et pris mon temps pour les envisager de toutes parts.
Mais (heureusement ?) sans pour autant me transformer en satyre moderne (et bourgeois) tel que celui qu'Edouard-Antoine Marsal peint (il faut dire que la surveillance est discrète mais présente et à donc suffi à me dissuader de tenter ce genre de fantaisie) :

EA Marsal : "Satyre et bacchante". 1887

WB Dyer : "L'Allegro". 1902


Un arrêt prolongé devant "L'Allegro" de William Buckingham Dyer. 

Un arrêt prolongé même si, ici, on oublie provisoirement les antiques bacchantes. Mais il reste visiblement tant la nudité que la danse, le tout sur fond de cymbales (je ne crois pas que ce soit très dionysiaque, les cymbales).










Puis il faut bien partir
après un dernier (r)appel dionysiaque






Sous le charme des bacchantes, j'y retournerai plus que probablement.
Vous aussi allez y !

Cette exposition, temporaire, durera jusqu'au 23 Mai 2016.

(Faites avec mon iPhone, les photos sont de qualité plutôt médiocre. Pour autant, cliquer dessus permettra de les voir dans un format plus agréable)
Chaptal : "Vin".
Dictionnaire d'Agriculture. 1801
(collection personnelle)
 Pour la petite histoire et lien à l'ivresse, on retiendra que si le Musée des beaux arts de Bordeaux existe, c'est grâce à l'arrêté Chaptal qui fût l'acte de naissance des musées de province.
Oui, Chaptal, le même Chaptal qui donna son nom à la Chaptalisation et écrivit le passionant article "Vin" du Dictionnaire d'Agriculture de l'Abbé Rozier avant de publier son remarquable traité que l'on pourra consulter sur Gallica.



 

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