Primeurs à Mangot et quelques digressions

Forcément je suis tombé sur la récente interview de Lalou Bize-Leroy dans le figaro vins. On la trouvera en suivant ce lien.
Mais autant le dire de suite : sa lecture n'a rien d'indispensable puisqu'on y retrouve les habituelles joyeusetés. Exemple :

"La vigne, pour moi, ressemble plus à un animal qu'à une plante. Le bourgeon est conçu en juin et il sort en mars, soit neuf mois plus tard. Ce sont de petites coïncidences qui sont fabuleuses. Séparer la vigne de son apex (bourgeon final), ce serait la séparer de la vie qu'elle porte en elle pour l'année suivante."
C'est beau comme du Jacky Rigaux assenant :
"l'Inconscient du vin, c'est sa minéralité"
L'inconscient de vin ? Sans déconner ...

C'est assez incroyable cette aptitude à appuyer sur le bouton branlette intellectuelle, jusqu'à le bloquer sur / ON !
 

Mais LBL n'est pas en reste :
"Tous nos soins sont effectués en fonction du calendrier biodynamique, lorsque la lune, chaque mois, passe devant les constellations du groupe fruit, soit Sagittaire, Bélier et Lion."
Bref : cette interview n'est que le dernier avatar de cette triste routine qui nous sert un globiboulga d'astrologie et d'anthropomorphisme.
A oublier, puisque quant à lui, l'interviewer oubliera très certainement de faire valoir son droit de suite en allant vérifier ce que l'application d'arnica a changé - ou pas - au devenir des vignes gelées.
Non, de mon point de vue, le seul intérêt de ce papier est de me rappeler que je n'ai toujours pas parlé de cette soirée au cours de laquelle j'ai goûté un vin de LBL !

Ouaip : c'était son Bourgogne Aligoté - Sous Chatelet (2010), et c'était à l'aveugle.
Étonnant le truc, et clairement différent de l'image habituelle de l'Aligoté (mais il me faut bien avouer que l'Aligoté, j'en bois chaque fois qu'il me tombe un œil et que je manque donc un peu de références).
Étonnant, rigolo d'un certain côté, et clairement hors norme. Pas de défaut hein ? Pas de défaut, pour autant même si je suis très content d'avoir goûté cet OVNI, je doute fort y retourner pour en entrer en cave (s'il s'avère que je puisse avoir un jour cette improbable possibilité).
Un drôle d'exercice de style, ce vin.


Il
est apparu au cours d'une longue et très agréable soirée chez les Todeschini, après avoir goûté leurs primeurs (et ceux de quelques autres Châteaux).



Entre autres vins, il y avait :





Mangot
(2015)
C'est expressif, ouvert, sur le fruit et les épices. Très belle matière. L'élevage présent mais encore discret en fait une super quille pour là maintenant tout de suite. Alors après son élevage, pour retrouver ce plaisir (avec la complexité en plus), il faudra sans doute revenir après 10 ans de plus ... et ce sera top.



Mangot Todeschini
(2015)
Le même avec une aromatique plus diversifiée. Avec, aussi, une structure plus présente, une grosse et belle matière sans un tanin qui dépasse. C'est déjà remarquable d'équilibre et très long.
Un top canon en devenir !


Il y avait quelques invités, parmi lesquels Nicolas et son Reignac ... dont je reparlerai dans un prochain billet.

C'était aussi la possibilité de goûter le 2015 de Carmes Haut-Brion et sa très belle expression à la fois mûre, fraîche, presque aérienne. En bouche c'est à l'unisson : de la profondeur et de la matière mais la puissance y est contrôlée par le soyeux. Superbe équilibre, longueur déjà impressionnante. Là aussi un très beau vin en devenir.  



 Après il y eut le repas ... et les bouteilles amenées par tel ou tel convive.





Pour moi, ce repas était d'abord l'occasion plusieurs fois avortée de voisiner et discuter avec Nicolas.
Et, donc, de deviser sur tel ou tel vin. De picoler. Car des vins il y en eut beaucoup, trop peut-être ?
Aussi, au delà de l'Aligoté évoqué plus haut n'évoquerai je que certains d'entre eux.
Forcément commencer par les deux que j'avais amenés afin de jouer sur les oppositions rive droite / rive gauche et appellation reconnue / roturier.

Domaine du Bouscat - La Gargone (2002). Bordeaux supérieur.
Gros vin par son expression, sa structure, son harmonie.
Y a du vin, et du bon.
Gros vin qui n'en est de toute évidence qu'au début de son histoire tant son potentiel est évident.



Ch
âteau du Tertre (2002). 5ème CC de Margaux (en magnum).
Suis moins enthousiaste sur ce vin qui semble à maturité mais dont le toucher de tanins et la finale me laissent un rien perplexe.
Pas l'extase.




Maintenant aborder certains vins qui, pour telle ou telle raison n'ayant le plus souvent rien à voir avec leur qualité, m'ont plus marqué que les autres
.
Par exemple cet étonnant Château Mangot (1947).
Bien sur il y avait baleine sous caillou et il était évident que ce vin n'était pas un perdreau de l'année ... pour autant de là à lui donner les 69 ans qu'il portait encore gaillardement !?
Belle quille dans l'absolu. Alors forcément si on ajoute au plaisir des sens celui de boire ce genre de vieillerie et d'en être charmé ...
(mais rien à redire aux petits frères Mangot 1998 et 2001).



Château Fontenil (1999). Fronsac (en magnum).
Une autre grosse bouteille !
Très belle expression de fruit noir, d'épices et un chouia de truffe. En bouche c'est fondu, harmonieux, élégant et j'aime beaucoup.



Y avait plein d'autres choses ...

Allez, une dernière agréable découverte pour la route, juste pour dire que nous n'étions pas que franco français ...


Sur ce il me reste à me préparer pour la dégustation "Côtes de Castillon - 2012" qui commencera dans à peine 2 heures ... et dont je reparlerai sans doute plus tard, quand j'aurai pondu tous les trucs qui me trottent en tête. Au moins certains.


En tous cas cette dégustation à suivre est l'occasion de rappeler que :
L'abus d'alcool est dangereux. Consommer avec modération.




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