Verticale du Château Pédesclaux - 5ème Cru Classé de Pauillac.




Je suis passé, et continue à passer, de nombreuses fois devant Pédesclaux. Le plus souvent je le fais avec un questionnement architectural qui n'a rien d'essentiel et peut se résumer à ceci :
"J'aime ou j'aime pas ?"
Ben je sais toujours pas, en fait.
Enfin, de loin je ne sais toujours pas.



Car de près le truc fonctionne bien, je trouve.



Et ce questionnement n'est pas qu'une question de rugby*.
Enfin si, un peu quand même. Franchement : les entrées en ruck de Lapeyre étaient pour le moins contestables ...



Nota : j'ai fait la photo ci dessus à Moga, à l'époque heureuse ou l'on pouvait encore aller voir un match à Bordeaux - enfin à Bègles - sans que çà coûte un bras, et qu'en sus un cerbère te fouille et t'interdise de rentrer avec un appareil photo.


Bref ce jour là il ne s'agissait pas de parler rugby, mais on aurait sans doute pu : Vincent Bache-Gabrielsen ressemble plus à un première ligne qu'à un danseur étoile.





C'est, en effet, Vincent Bache-Gabrielsen qui officiait.
Parapluie en main.

Un peu comme le jour de ce match UBB - Racing Métro dont la fin avait été "un peu" humide ...







Mais il ne s'agissait donc ni de rugby ni de goûts architecturaux.
Ceci dit, une fois entrés dans le chai, force est de constater que je n'ai plus de questionnements du type "damned : mais finalement, j'aime ou j'aime pas !?".
En effet, de l'intérieur, de toute évidence ça fonctionne.
Ça fonctionne à l’œil, ce qui est bien.
Visiblement c'est surtout conçu pour fonctionner d'un point de vue œnologique et qualitatif.
Ce qui est quand même vachement mieux (et de toute évidence pas incompatible).




Après un tour complet sans être lourdingue - il faut dire qu'il cause bien ce garçon là ! -  des installations récentes et modernes, vient le temps d'un passage dans les tréfonds du chai pour y croiser les vestiges du passé.
Y a pas mal de vieux machins qui sommeillent là !
Je parle des bouteilles.



Ce n'est qu'ensuite que nous entrons dans le vif du sujet.


Château Pédesclaux (2009)
55% Cabernet sauvignon - 5% Cabernet franc - 40% Merlot noir
Robe intense, encore jeune.
Nez ouvert, sur les fruits noirs. Petit côté boite à cigares. Boisé épicé agréablement fondu.
Attaque ronde, jolie matière aux tanins souples. Retour aromatique sur les fruits noirs et de légères notes épicée. Ample, milieu de bouche qui gagne en puissance. Agréable fraîcheur. Jolie finale sur les épices douces.
Joli vin, déjà aimable ... qui plait beaucoup à mon fils (et à moi aussi) mais qui ne fait pas tout à fait l'unanimité.
Pour ma part j'aime bien là, maintenant, et sans doute sur quelques années ... même si l'on est probablement en droit d'attendre un peu plus d'un Cru Classé, à Pauillac, en 2009. Disons que c'est un vin très honorable et prêt à boire.


Château Pédesclaux (2010)
55% Cs - 5% Cf - 40% Mn
Robe soutenue, aux reflets jeunes.
Nez de belle intensité, ouvert, frais, lui aussi encore jeune. Sur les fruits noirs, les notes florales (pivoine), avec un bel élevage.
Attaque ronde, belle amplitude en bouche, de la mâche. Très belle trame acide, sur des tanins présents et bien mûrs. Long, sur le fruit. Finale intéressante d'un point de vue structurel (beaux tanins tout au long de la bouche) et aromatique (fruité / épicé / vanillé).
Bel équilibre, belle matière mais un milieu de bouche qui manque peut-être un chouïa de profondeur.
Beau vin mais pas totalement harmonieux, le genre de truc que tu notes en dégustation quand t'as les crocs et que t'es un chieur mais qui passe totalement inaperçu à table.


Château Pédesclaux (2011)
65% Cs - 5% Cf - 30% MnRobe dense, très jeune.Nez de fruits noirs et rouges, mûrs. Violette et épices. Très beau.
Attaque ronde, puis beau volume sur tanins soyeux. Équilibre, harmonie qui ne sacrifient pas à la puissance, malgré un élevage encore sensible en finale (mais ça va se fondre), là ça commence à sérieusement causer pinard, la plaisanterie. Belle longueur.
Très belle quille qu'il faudra savoir attendre patiemment.



Château Pédesclaux (2012)
65% Cs - 5% Cf - 40% Mn
Robe (vraiment) très soutenue.
Nez expressif, qui poivronne (dans le genre poivron rouge grillé. Donc cool), sur une jolie partoche fruitée / florale.
Bouche puissante, concentrée, où le Cabernet s'exprime pleinement avec le poivron rouge grillé et de bons gros tanins ciselés.
Grosse matière pour une grosse quille encore trop jeune : s'achève sur une finale encore sévère.
Très recommandable, mais à attendre un paquet d'années pour en profiter pleinement.


Château Pédesclaux (2013)
53% Cs - 4% Cf - 43% Mn (ce qui fait 100 % ... pourtant il me semble qu'il y avait un rien de Petit verdot)
Robe profonde, teinte jeune.
Joli nez sur les fruits noirs / fruits rouges.
Attaque ronde et souple, matière aimable. Beaux tanins, pour un vin monté léger,
sans renier ses origines, et qui se boit bien.
Propre, net et frais c'est un joli vin d'attente. Pas ridicule dans le contexte du millésime.



Château Pédesclaux (2014)
53% Cs - 47% Mn
Robe très soutenue.
Beau nez sur la pivoine et les notes minérales (oui : finalement, moi aussi je me mets à la minéralité).
Grosse matière ! Concentration et puissance sont au rendez-vous. Dense, équilibré par une belle fraîcheur. Très beau grain de tanins. Longue finale sur les fruits noirs et les notes boisées épicées (élevage remarquablement bien géré et intégré).
Gros vin !!
Là, ça commence à vraiment causer !
(nota : y en a dans ma cave mais il faut que je retourne en chercher, y en a pas assez !).


Château Pédesclaux (2015)
52% Cs - 42% Mn - 6% Pv
Attaque ronde, sur la souplesse.
Jolie matière grâce aux tanins dont le grain, fin, est déjà enrobé.
Ça commence en souplesse puis il y a une montée en puissance qui mène jusqu'à la finale, sans faiblir. Aromatique de fleurs et de fruits. Élevage déjà bien intégré. Belle et longue finale. Puissance, équilibre, harmonie.
Une autre très belle quille.





Château Pédesclaux (2016)
48% Cs - 45% Mn - 4% Pv - 3% Cf
Robe très dense, sur les notes violacées.
Belle expression aromatique, sur le fruit.
Grosse matière. Fruits noirs, fruits mûrs, notes empyreumatiques, moka. En bouche la palette aromatique est diversifiée. Tanins serrés. Bouche ample, profonde. Maturité, mais avec une a
cidité ciselée qui tient jusqu'à la finale qu'elle prolonge sans un pet de sècheresse.
Très belle réussite.
Un vin à suivre ...



Au vu des assemblages et de leur évolution au fil du temps, on comprendra la tendance à Pédesclaux : diminuer la part du Merlot (descendue, en 6 ans, de 48 à 39%), monter le Cabernet sauvignon à 65 ou 70% et intégrer le Petit verdot à hauteur de 6 à 8%.

Ce jour là il y avait aussi Lilian Ladouys et Fleur de Pédesclaux (tous deux en 2016).

Deux vins qui tiennent bien la route (mais j'avoue une préférence marquée pour Fleur de Pédesclaux qui, à ce stade, me semble plus abouti).


Nous avons bien sûr parlé terroir, viticulture et autres choses de ce genre.
Vincent nous a même parlé de son entrée en biodynamie, et je n'ai presque rien dit.
Mais ce presque rien a suffi à me faire apprécier (à ma juste valeur ?) d'une journaliste alsacienne - y a un foyer, là haut ! - mais ça c'est calmé ensuite, en discutant autour du beau repas pris en commun à Lilian Ladouys.
Il faut dire que Vincent avait laissé trainer certains ouvrages techniques qui sont, me semble t il, les fondements de la biodynamie.

Bizarrement, pendant le repas on a picolé.
Pour changer.
Par exemple :


Le Cygne de Fonréaud (2013)
Un vin que, de toute évidence, je bois trop souvent trop jeune (et/ou trop froid) car ici je ne retrouve pas cet élevage appuyé qui, trop souvent donc, me gène.
Là non. C'est bien. Très bien même.
Devrais je apprendre à attendre ?


Le Retout blanc (2014)
Jusque là j'ignorais tout de ce vin.
On doit pouvoir considérer que vinifier - dans le Médoc - un assemblage de Sauvignon gris / Gros manseng / Savagnin relève du gag ou de la gageure
Peut-être.
En tous cas le truc fonctionne bien et il faut que je pense à en faire entrer en cave. Et pas que pour le gag. Surtout parce que ça se boit bien cette petite chose !



Forcément, après, les choses deviennent un peu floues et j'arrête de prendre des notes.
Même si j'essaie encore de prendre des photos.








Il fallait un coup de grâce.
On y a eu droit.










* ouais : Jacky Lorenzetti, propriétaire du Château Pédesclaux est aussi - entre autres choses - l'actionnaire de référence du Racing 92

Commentaires

  1. Tu vois quand tu veux, tu écris des trucs intelligents. Inspiré, même, sur le coup. Tu as pu constater qu'il faut trois ans à Vincent pour que l'empreinte de son travail au vignoble soit bien perceptible dans un vin.
    Très fin, le clin d'oeil à Martine. Une perle, Martine.
    Tu as oublié la Mondeuse blanche dans le Retout.
    Y a surement plus de 2014. Du 2015 ? Mais 2016, oui, sûr.
    Y a peut-être même encore des BIB.
    C'est bien ça, les BIB, faut beaucoup s'hydrater à ton grand âge.
    C'est vrai ce qu'on m'a raconté ? Que tu aimes bien les Sauvignon du sancerrois ?
    Au plaisir de te recroiser.

    RépondreSupprimer
  2. Comme d'habitude ici : tout est vrai, sinon ca n'aurait pas le moindre intérêt. À Liliane, il y avait donc bien une pile de Martine, sur un guéridon. Ca peut pas être un hasard.


    De la Mondeuse ? Clair que ça manquait !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sinon, Sancerre et Menetou me vont bien, ouais.
      Bien mieux qu'un certain nombre de Sauvignons bordelais, pour tout dire.

      Supprimer
  3. Voui. En gros 40 GM, 40 SG, 10 Sa et 10 Mo (compo cépages Retout blanc).
    Et quand tu as une Martine dans ton équipe, tu prends des kilo.

    RépondreSupprimer
  4. J'y passerai. Si, si.

    En l'état je ne me suis intéressé qu'à la Martine qu'on pose sur les guéridons.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les albums affichés devraient être "Martine au château" et "Martine en cuisine" en priorité.

      Supprimer
    2. Si ce n'est que sur ces thématiques la je pourrais dire mais pas médire
      Donc forcément ....

      Supprimer

Enregistrer un commentaire