La pêche au Canard

 
Une fois de plus le Canard a pris la foudre.

 

"Secret tropical". Le Journal de Mickey (2016)



"Quoi encore ?"
Rien, juste une série de papiers pinardiers sous le chapeau :
"Le vignoble tricolore n'est pas à la fête"

Les délires pinardiers du canard sont récurrents et me permettent, en retour, de régulièrement travailler les titres de mes billets.
Avec un inégal succès, je dois le reconnaître.

Il y eut d'abord ma réponse à leur article traitant du "vin chimique".
Une magistrale compilation d'âneries (leur article, pas mon billet).
Lisez mon billet. Surtout, à la toute fin, allez lire le commentaire de Vincent.

Ensuite vient une mise au point (au demeurant
assez floue) sur le vin bio et son cahier des charges.
Consternant (et pas seulement parce que mon billet souffre de problèmes d'affichage que je vais essayer de régler dans la soirée. Le problème est que mes compétences en HTML sont du niveau de celles du Canard en œnologie ...)

Puis le Canard rebondit sur une enquête de l'UFC portant sur les pesticides dans le vin.
Fatalement le Canard se prend les pieds dans le tapis.
C'est ballot. Mais nul n'est à l'abri d'un accident domestique.
A ce rythme là, un jour ils n'arriveront plus à rebondir !





Pour finir en beauté le Canard passe en revue toutes sortes d'intrants, additifs, auxiliaires. Faisons simple : le camp du mal.
Comme ils se sentent une vocation pédagogique ils expliquent plein de trucs.
Forcément ils comprennent tellement rien que c'est complètement naze.
Ça l'est même tellement que ça finirait presque par en être drôle.
Enfin, une fois que l'on a pris son parti de ce barnum prétendument informatif.


Bref aujourd'hui rebelote avec le méga dossier de la mort qui tue, annoncé fièrement dès la première page :
"Le vignoble tricolore n'est pas à la fête"



 
Ça commence mollo avec le couplet sur le réchauffement climatique et l'arrivée de vignes en Côtes d'Armor.
J'espère que ce sera du Chardo, car c'est plutôt cool avec les coquilles Saint-Jacques.
Je garde un souvenir ému de mes passages à Erquy, à l'adolescence (et pas seulement parce que c'est probablement le village d'Astérix).
Bref : les futurs vignerons peuvent préparer le terrain en se référant à ce travail de 1968 : "
Le volcanisme spilitique de la pointe de la Heussaye, Erquy". Mais Erquy n'est finalement peut-être pas un grand terroir à Chardo ?
Pour le reste (l'augmentation des degrés) : peut-être faudrait-il également s'intéresser à la recherche de maturité, donc d'alcool, qui s'est imposée depuis le début des années 80. Mais aussi, mais surtout, aller voir du côté de la modification des façons culturales et tout ce genre de choses techniques et donc parfaitement chiantes quand on veut sauver le monde sans trop se prendre la tête.



 
 
 
Passage obligé : la méchante réglementation européenne bio. Ce truc laxiste, aux bottes de bigpharma.
Rien de nouveau sous le soleil, je réponds donc à tout ceci dans l'un ou l'autre des précédents billets.
Je zappe.
Enfin, non : pas tout à fait.
Juste une perle d'inculture à relever, une fois de plus.
Nous apprenons, non sans frayeur, qu'en vinification biologique :
"37 engrais ou pesticides sont tout de même autorisés"
Sur ce coup là il a pris un tir, le Canard !

"Rubber Duck". Hong-Kong (2013).
Photo REUTERS/Tyrone Siu


Des engrais et des pesticides en vinification ?!?
Qui plus est vinification bio ?
Ce genre de Canard est une incitation impérieuse à devenir vegan !
Je ne sais pas où ils sont allés chercher cette connerie. Mais y a pas d'autre mot : c'est une connerie.
Énorme.

Sinon pour les levures industrielles c'est comme toujours : à pleurer.
Juste citer Oliver Sempé (merci Olivier, je t'aime. Promis : la prochaine fois qu'on se croise au restau je te piquerai pas la dernière Pavlova ! Tu peux prévenir Laurence.) :
"les seuls vins levurés avec des levures industrielles chimiques c'est les grands Rieslings".





J'ai honte sur ce coup là.
Un peu. Entre deux fous rires.
Puis, bon, au vu de ce qui est dans les colonnes du Canard, c'est super anodin.





 
On finit par les pesticides.
C'est obligatoire.
Si tu veux tes galons de grand reporter, quand tu fais une enquête de fond sur le vin (et là c'est tellement une enquête de fond que le fond, on le touche) ben tu causes pesticides.
C'est une valeur sûre les pesticides.
Bon, là, ils ont raté un truc.
Ben oui : la quasi-totalité des Grands-Crus de Bordeaux (Grand-Cru + Bordeaux on comprend bien que çà va pas faire dans la dentelle car on est clairement dans le camp du mal absolu) contiennent des pesticides.
Mais ces pesticides sont inoffensifs (oui : les pesticides dont plus haut on nous dit que ce sont des cochonneries, en fait ils sont inoffensifs).
C'est vraiment d'infâmes salauds les Grands-Crus de Bordeaux : non seulement ils mettent des pesticides dans leurs vins, mais en plus ils en mettent des inoffensifs.
Des malfaisants qui ont le vice chevillé au corps !
Pour le couplet niaiseux sur le nombre de traitements et l'évolution des tonnages je vous renvoie à la lecture de "La farce cachée des pesticides", mon papier dans En Magnum #12.
 
 

Pour la faire courte : le tonnage et le nombre de passage on s'en bat les couettes si on oublie de dire quoi et pourquoi (et d'aborder la question de la toxicité. Au cas ou les pesticides seraient inoffensifs)
Exemple :
si tu mets des produits lessivables et à base de métaux lourds (genre le cuivre qui est largement utilisé, tant en bio qu'en conventionnel. Ça marche aussi avec le soufre.) ben ça pèse, donc ça fait vite du tonnage ... d'autant plus que la nature du produit t'oblige à repasser dès qu'il a plu.
Or si t'es sur une année de merde pendant laquelle il pleut comme vache qui pisse ... ben tu passes et repasses dans tes vignes, du moins tant que tu peux y entrer (et payer la facture de gasoil ainsi que le salaire du tractoriste).

A ce stade faut-il vraiment une conclusion ?
Sans doute pas ...
Juste m'interroger sur l'opportunité d'amener mes petits-enfants (à naître) à la pêche aux canards !
Surtout si ce sont des canards laquais de la bien pensance hors sol.
 
 
 
 
 
 

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