Primeurs, goûteurs et buveurs (à droite).


Dans mes précédents billets
j'évoquais tout d'abord les primeurs (au sens bordelais du terme) des points de vues historique, organisationnel et marketing avec : "Primeurs, trimeurs et frimeurs" avant de me pencher sur quelques Bordeaux et Bordeaux supérieurs.

Aujourd'hui, je propose une short-list en rive droite. Elle ne prétend ni à l'exhaustivité, ni à la représentativité. Tout au plus s'agit-il de quelques vins que j'ai, pour la plupart, goûté avec plaisir et qui seraient bien, au fond de ma cave.
Dégustations du 02/06/2020 au Laboratoire Rolland, en compagnie de Daniel Sériot dont on trouvera l'ensemble des commentaires "Primeurs 2019" précisément à cet endroit.



Castillon – Côtes de Bordeaux



Le Rey – Les Argileuses
Nez élégant, frais et fruité. Belles notes d’élevage, en retrait.
Jolie trame tannique montée un peu léger, qui offre un vin rond et souple à l’agréable fruité.
Finale à l’unisson.
Beau vin de plaisir.
(Du même Château mais dans un style plus classique on peut aller du côté de "Les Rocheuses". Belle matière et beau fruit mais un élevage qui m'a grandement gêné sur la finale. Certainement dû à une prise de bois ingrate, peut-être du fait de cette dégustation de juin ? à revoir ?)

Lalande de Pomerol

Bertineau St Vincent
Olfaction sur un fruité frais et élégant. L'élevage commence à être sensible.
L'attaque est ronde, suit une bouche bien construite, dans un style frais et ferme à la fois.
Trame acide et élevage déjà marqué entraînent une finale tannique, mais le fruit reste là et je postule qu'avec un peu de temps tout çà devrait se fondre harmonieusement.

Fronsac



 

Dalem
Au premier abord le nez n'est pas des plus exubérants et nécessite une bonne aération avant de se livrer.
En revanche d'emblée la bouche est belle : charnue, pleine, qui sent bon la maturité sans jouer les déménageurs bretons.
Ici aussi une trame acide qui tient et prolonge le vin mais qui, jointe à l'élevage, mène à une finale encore un rien sévère. Cette finale reste longue et s'achève, déjà, sur d'agréables notes liées à l'élevage.
Beau vin qui se met en place.

Fontenil
Nez frais et élégant par ses agréables notes fleuries. Un peu sur le retrait, puis viennent le fruité et les premières notes d'élevage.
Attaque franche, sur une belle trame tannique. C'est rond, équilibré et harmonieux. Aromatique précise et, elle aussi, élégante.
Beaux tanins qui permettent une finale dense, mais suave, prolongée par la trame acide qui rehausse le tout.
Très joli vin.

Défi de Fontenil
(si administrativement parlant ce n'est pas un Fronsac, dans le verre on doit pouvoir en causer ...)
Robe dense.
Nez déjà expressif. On y trouvera les fruits noirs et mûrs mêlés au boisé / épicé de l'élevage qui, ici, est une fois de plus géré avec précision. Intense et élégant.
Bouche dense, bien construite sur une grosse trame tannique. Rondeur, volume et élégance.
Belle et longue finale, affermie par l'élevage (la conséquence d'une dégustation relativement tardive ?). Au vu de la structure du vin et de la qualité des tanins, tout va se fondre. La qualité aromatique est toujours là et prolonge joliment le vin sur le fruit, la maturité et une fraîcheur de bon aloi.
Belle bouteille qu'il faudra attendre (si on en est capable).

A table nous goûtons également le blanc de Fontenil
Disons qu'à l'occasion des primeurs nous en avons la primeur avec cette belle bouteille parmi les 2200 que comptera cette toute nouvelle cuvée.
Assemblage hors norme que l'on peut suivre en bouche avec le Sauvignon qui s'avance et type l'entame avant d'être supplanté, en finesse, par les Sémillon et Chardonnay.
(35% Sémillon, 29% Sauvignon blanc, 14% Chardonnay, 12% Sauvignon gris, 10% Muscadelle)
Le vin est ample, élégant, complexe, superbement construit.
C'est très beau, très bon et j'en veux (enfin, j'en voudrais).


Pomerol

Montviel

Nez fin, presqu'aérien, de fleurs et de fruits.
Bouche ronde, jolie trame tannique, sur une finale plus pointue.
Joli vin dans un style frais et aromatique.

La Feur de Gay
Pour le coup c'est gai et y a des fleurs (oui, je sais ...). Mais pas que : élevage présent sans excès, beau fruité.
Belle concentration en bouche, tanins soyeux, équilibre et harmonie. Pointe acide en finale, qui se prolonge sur une agréable longueur aromatique.
Beau vin bien construit.

Rouget
Nez de belle maturité (fruits noirs) sur un joli boisé / épicé. Attaque puissante, beaux tanins denses mais déjà bien enrobés. Élevage rapidement présent qui mène à une finale sévère.
Y a du vin, et du très beau vin ! mais à ce stade il est ingrat. La richesse du vin, sa belle trame tannique et acide et sa maturité suggèrent (et font même plus que suggérer !) que ce vin bénéficie d'un très gros et très beau potentiel.
A attendre, et à revoir car ce n'est clairement pas le bon moment !




Le Bon Pasteur
Nez remarquable par ce subtil et agréable mélange de fruité, floral et épicé. Déjà ouvert, précis, et élégant. L'élevage, précis, vient en contrepoint du fruit, sans l'écraser.
Concentrée, ronde et dotée d'une superbe matière la bouche tient la route, et pour longtemps. Bel équilibre, gros potentiel. En prise de bois, ce qui perturbe un peu la dégustation, en milieu de bouche. Belle, longue et élégante finale qui finirait de rassurer sur le  potentiel de ce vin, s'il en était besoin.

Le Gay
Fruits noirs, violette, bel élevage en soutien.
Attaque ronde, puis belle matière. Vin bien construit, dans lequel l'élevage se fond déjà, en dépit d'une finale encore un rien rustique mais à l'aromatique longue et belle. Jolie matière et bel équilibre pour gros vin, voire très probablement un grand vin.

La Violette
Nez très floral (violette, forcément), mais aussi de fruits noirs et mûrs. Élevage en retrait.
De la chair, avec un surcroît d'élégance, d'harmonie et d'équilibre. Splendide aromatique de bouche (fruits et fleurs à nouveau). Trame tannique exemplaire.
Très long, aromatique exemplaire sur la finale.
Énorme potentiel.
A ce stade, c'est mon préféré de la série "rive droite" (et quelques autres précédemment évoqués tiennent vraiment très bien la route !).


à Saint Emilion :

Clos des Prince
Frais et joliment construit, avec une agréable sucrosité.
Plaisantes notes de petits fruits et de fraise écrasée.
Frais et sympathique.

Corbin
Joli nez de fruits noirs, pointe florale, amusante note de sucre candy. Élevage en retrait qui complexifie joliment.
Beaux tanins, bouche concentrée mais équilibrée. Trame acide de bon aloi, plus sensible en finale sans être gênante.
Très joli vin.

Gracia
En résumé : on s'en fout qu'il y ait du bois, tant qu'il y a du vin. Au moins autant de vin.
Or là y a du bois, mais y a surtout du vin.
Bouche concentrée, tanins mûrs, aromatique mûre à sur mûre. Riche et ample. Acidité enrobée.
Un sacré jus.
Vive Bob, dans ses grands heures ! (amateurs de petites choses fluettes passez votre chemin).



Clos Saint Martin
Nez intense, ouvert, complexe (Fruits noirs, boisé épicé, note de graphite, ...)
Bouche ample, suave mais puissante. Soyeuse. Agréable et intense retour aromatique sur le fruit.
Longue finale, déjà enrobée, tendue par une agréable fraîcheur qui laisse présager un futur long et heureux. Belle aromatique finale.
Très beau vin.




Fleur Cardinale
Joli élevage, à ce stade : fruits noirs, épices, notes florales.
Belle trame tannique pour une bouche charnue, pleine, à la structure bien définie. Bonne trame acide, bien définie, qui prolonge le vin sans être stridente (ce qui n'est pas toujours évident pour nombre de vins dégustés).
Très joli retour aromatique, bonne longueur.
Beau jus !




Il faut aussi mentionner le Défi de Fontenil (2000) vin remarquable, et d'une insolente jeunesse, qui a accompagné notre repas :




A suivre avec un rapide passage en rive gauche ...

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