Le terroir et le vin (et le renouveau des vins de Bordeaux ?)

 

Le terroir et le vin ?

Transformons ces cinq mots en une question que l'on posera à Google ou, pire, sur les réseaux sociaux (voire lors d'une soirée dégustation) et nous partirons aussitôt pour un long voyage en absurdie.
Sans espoir de retour.


Il y a fort heureusement des alternatives :

- Ceux qui en ont tant la possibilité que les moyens peuvent s'adresser au vigneron bourguignon et talentueux chez lequel ils bénéficient d'une allocation afin d'y faire l'acquisition d'une horizontale de divers crus provenant de la même appelation communale.
Quel que soit le résultat sensoriel, qui n'est pas acquis, il risque s'obtenir à un cout financier non négligeable.

- Ceux qui me lisent peuvent foncer au Château de Reignac.
Car au Château de Reignac, il y a Nicolas Lesaint.
A priori ça ne semble pas la solution la plus évidente, puisque la norme bordelaise consiste à assembler cépages et terroirs ... mais peut-être y trouvera-'ton aussi une réponse à la nécesssaire évolution des vins de Bordeaux ?

Nota : Nicolas est un habitué de ce blog où j'évoque régulièrement son talent et ses bonnes idées (c'est probablement dans ce billet un rien nostalgique que je l'évoquais pour la première fois).
Oui : Nicolas est un vieil ami. Il m'est donc d'autant plus difficile d'admettre qu'il a (beaucoup trop) de bonnes idées ...

La dernière bonne idée en date répond à la question qui démarre ce billet. Une question très actuelle :
- car on entend beaucoup parler du terroir, sa vie, son œuvre, ses effets sur le vin.
- car ce sujet fait beaucoup parler.
Trop souvent pour débiter d’un ton docte des conneries d’une bêtise abyssale.
- et, fatalement : beaucoup parlent mais trop peu font, surtout dans le didactique.

Alors que Nicolas propose deux Merlot avec, comme seule différence, leur provenance : sols et sous sols différents.

Dès lors, si vous voulez approcher le sujet sans prendre une grosse migraine en vous tapant la dernière thèse à la mode, ni vous ruiner en sacrifiant votre CODEVI : dépêchez vous et foncez à Reignac, car il n’y en aura pas pour tout le monde !
(il y a seulement une poignée de milliers de bouteilles de chaque vin)

Se quoi s'agit-il ? Mais de ceci :




Roule caillou ?
- 100% Merlot
- 45hl/ha
- brut de cuve après 10 mois d'élevage
- provenant d'un terroir graveleux (graves sèches sur 2m de profondeur et posées sur une dalle argileuse).

Les petites glaises ?
- 100% Merlot
- 45hl/ha
- brut de cuve  après 10 mois d'élevage
- provenant d'argilo calcaires


Et vous savez quoi ?
on reconnait le Merlot dans les deux cas, mais pourtant, c'est dingue : ça n'est pas le même vin !

Et si vous voulez pousser le jeu encore un peu plus loin, ajoutez donc "le R de Reignac" à ce duo de Merlot.
Car ce vin provient lui aussi des mêmes argilo calcaires, avec le même rendement et le même élevage que le Merlot ... mais là c'est du Cabernet franc !

Après le terroir, le cépage !?

Cette leçon très démonstrative est didactique et complète !
Et surtout bien loin d'être chiante car, en plus d'être illustratifs, les vins sont bons (pour la faire courte : charnus, ronds, fins, friands, aimables et joliment fruités) !

Evidemment, ça ne vous évitera pas de continuer à lire des conneries sur le sujet.
Mais ça vous permettra d'en rigoler en vous souvenant de cette dégustation.


"Allez, vieux fou, allez apprendre à boire,
On est savant quand on boit bien ;
Qui ne sait boire ne sait rien.
"
Boileau
(selon Boileau ce texte est issu d'une : "chanson à boire, que je fis au sortir de mon cours de philosophie, à l'âge de 17 ans.".)

Commentaires

  1. Très intéressante initiative! En Suisse ça se fait beacoup avec le chasselas, une éponge à terroir selon certains, de par la finesse (ou neutralité selon) de ses arômes. Et si j'adore goûter toutes ces différentes cuvées, je bloque infiniment sur ce terme de terroir que l'on associe souvent uniquement au sol et sous-sol. Il y a quelques décennies on parlait avant tout d'exposition vis-à-vis de l'ensoleillement et du vent et maintenant de moins en moins, le mot terroir a pris le dessus... Je préfère bannir ce terme un peu fourre-tout qui empêche la finesse des distinctions et descriptions. Et qui d'autre que le vigneron peut utiliser ce terme, pour autant qu'il s'y inclut? En tout cas pas un dégustateur devant son verre...
    J'en veux pour preuve que j'ai pu expérimenter que deux cuves d'un vin provenant d'une même parcelle, ensoleillement et sol avait une différence plus marquée entre elles qu'avec une cuve d'un vin d'une autre parcelle de sol différent. Sans parler de la différence de deux vins de même sol mais ensoleillement différent et de deux vins de sols différents et de même ensoleillement. Lesquels seront les plus distincts?
    Si toutes ces expérimentations et cuvées des vignerons sont passionnantes et bravo à eux de les faire, attention de ne pas les résumer à un argument qui plaît aux consommateurs en utilisant des termes qu'ils sont heureux d'entendre ou de lire.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire