C’est dingue, les stéréotypes !
De mon point de vue, Le Figaro est un canard qui s’adresse à des vieux mecs dans mon genre : 50 ans, voire 60, bien tassés.
Cadres.
Idéalement au CODIR de leur boîte.
Qui commencent leur journée avec la matinale de Radio Classique, jusqu’à l’annonce de l’ouverture de la bourse. Puis continuent sur une journée de boulot tout en gardant un oeil sur l’évolution de leur PEA, dans l'espoir d'en déduire quand il faudra alléger telle ligne ou renforcer telle autre.
Le Figaro.
En vertu de quoi le Figaro vins devrait être un truc rassurant, confortable comme un fauteuil club.
Sauf qu’au delà de quelques figures imposées et désopilantes en mode « dans quel vin investir » le Figaro vin est plutôt le fils naturel de Télérama et de Libé.
C’est tout aussi convenu, hein ? T'y trompes pas.
C'est juste qu’on oublie le ROI et l’EBITDA pour se la jouer rebelles de la forêt.
Autant te dire que je trouve ça plutôt désolant (et pas seulement parce que ça ne m’a été d’aucune aide pour décider quand il convenait de revendre mes actions Verallia).
L’un de leurs récents avatars s’attaque aux AOC et à leurs « exigences improbables ».
L’establishment, c’est mal.
Ces appellations viticoles aux exigences improbables. Garantes de la qualité des produits d’une région viticole, les
appellations nous accompagnent depuis bientôt cent ans. Elles ne sont
pourtant pas sans incohérences, que leur reprochent certains vignerons.
Par Sophie Brissaud
Publié le 26/03/2024
Par Sophie Brissaud
Publié le 26/03/2024
« Certaines exigences paraissent ubuesques, par exemple la hauteur maximale de l’herbe entre les rangs de vigne inscrite au cahier des charges de l’appellation Sancerre. »
Ouais.
Ok.
Vu : y a 10 ans Sébastien Riffault s'était un peu fait secouer. M’enfin, que je sache les secousses n’ont pas été très haut sur l’échelle de Richter et ça lui a permis de faire de la comm pour un budget extrêmement raisonnable. Sans risque.
Quant à la hauteur des herbes : le but de ce blog n’est pas de faire un cours d’agronomie (donc j’éviterai soigneusement tant la question des engrais verts que celle de la concurrence avec la vigne) pour me contenter de rappeler que des herbes trop hautes vont poser de sérieux problèmes au niveau de l’aération du feuillage de la vigne et des grappes et que ne pas les contrôler et limiter sous le rang, c’est prendre un sérieux risque : exposer ses raisins à diverses maladies phytosanitaires.
Il ne s'agit pas, comme le prétend l'article, de s'adapter à la machine à vendanger mais bien de protéger feuillage et fruits d'attaques indésirables et dépréciatrices.
« Afin de travailler comme bon leur semble, beaucoup de vignerons sortent de l’AOP pour produire en catégorie Vin de France, dont les règles sont plus souples. »
Ben voilà : t’acceptes pas - ou t’es pas capable de respecter - les règles communes, ben tu vas voir ailleurs. Là où c’est plus souple sur les pattes arrière. C’est pas super compliqué et y a pas de quoi en chier une pendule, pas plus qu'un article (fût-ce dans Le Figaro vins).
« Par prudence, on préfère ne pas médire du Vatican, ce qui explique qu’aucun nom ne soit cité dans cet article. »
En conséquence de quoi les Rebelles de la forêt deviennent des Jean Moulin de carton pâte qui rejoignent la clandestinité car c’est plus sur ?
Franchement ...
L’argument, si c’est est un, est grotesque.D'autant plus grotesque qu'il est assez facile, pour qui connait un peu le milieu, d'identifier un certain nombre de ces résistants de l'ombre.
«Vous voulez un exemple ? confie un œnologue. Le cépage principal de l’AOP Clairette de Die n’est pas la clairette mais le muscat à petit grain. Si vous voulez de la clairette, tournez-vous vers l’AOP Crémant de Die, dont elle est le cépage principal.»
"Ampélographie française". 1857 Collection personnelle |
Il me semble donc difficile d'en faire une dérive fâcheuse dûe aux AOC.
Sur ce sujet et bien d'autres je tiens les écrits de Rendu et ses contemporains à la disposition du mystérieux oenologue (oui Pierre, quand tu passes à la maison : rappelle moi de te montrer ces bouquins).
« Au pays du Muscadet,
certains vignerons réalisent des crus blancs délicieux mais hors AOP,
parce que celle-ci les oblige à filtrer le vin, à respecter un taux
minimal – trop minimal selon eux – d’acidité volatile »
Et le café filtre, on peut ?
Les clopes : c'est sans filtre, aussi ?
Le filtre c'est le mal.
Ou pas.
On peut en causer de la filtration, mais en causer vraiment alors.
Là, juste dire qu’il en va de la filtration comme du collage : tous les vins n’en ont pas forcément besoin, et ceux qui en bénéficient ne subiront pas nécessairement la même, ni au même stade ni dans les mêmes conditions.
Maintenant si t’es pas foutu de déterminer un itinéraire technique digne de ce nom …
« Même à propos des plus grands crus de Bordeaux, l’AOC/AOP peut perdre la tête. On se souvient du millésime 2012 des Hauts-de-Pontet-Canet, second vin du Château Pontet-Canet, grand cru classé de Pauillac, qui perdit son AOC et se vit requalifier en Vin de France par l’organisme indépendant Qualisud, opérant sous tutelle de l’Inao. »
On peut voir les bulletins d’analyse et les commentaires de dégustation ?
Non ? on ne peut pas ?
Alors ça ne sert à rien de causer pour ne rien dire, surtout en prenant des airs faussement indigné à grand renfort d'effets de manche qui reposent sur du vide.
« On avait fait observer à l’époque que certains vins de Bordeaux surmûris et dopés aux copeaux de chêne passaient, eux, l’examen sans difficulté, tandis que Les Hauts-de-Pontet-Canet, issu d’un domaine mené en biodynamie depuis 2007, coiffait le bonnet d’âne. »
Être en biodynamie serait donc gage d’infaillibilité ? Intéressante théorie. Mais, une fois de plus, rien de concret à quoi se raccrocher.
« Toujours à Bordeaux, un vigneron bio des Côtes-de-Bourg rappelle que son AOC rend obligatoire l’arrachage des vignes dont la densité de plantation n’est pas jugée suffisante, ce qui oblige à arracher des vieilles vignes, pourtant facteur de qualité. »
Sérieusement … mais pourquoi la densité de plantation n’est elle pas suffisante ?
Mais parce qu’elle n’est PLUS suffisante !
Forcément, si la vigne a été plantée a 5000 pieds par hectare (en côtes de bourg le minimum est à 4500) et qu’il y a 25 % de manquants du fait de la mortalité et du non remplacement des pieds morts, ben on se retrouve à 4000 pieds l’hectare.
Ou moins.
Voire beaucoup moins avec l'augmentation régulière du taux de manquants non remplacés.
Ouais : çà coûte de remplacer les manquants.
Alors le taux de manquants augmente, mais le producteur continue à produire les mêmes volumes. Forcément.
Et l’auteur de l’article nous parle de gage de qualité ? Sérieusement : ça sert à quoi d’avoir des vieilles vigne s’il en manque la moitié sur la parcelle et que ce qu’il reste on lui tire sur la couenne comme un sagouin afin de faire le rendement maximum autorisé … pour une vigne sans manquant ? On attend l'avis du vigneron.
« Un œnologue bordelais observe : «Ce procédé vise à distinguer l’AOP Médoc blanc de l’AOP Bordeaux blanc. Cependant, certains producteurs médocains de bons vins blancs ne pourront pas y accéder, parce que leur vin n’est pas boisé. C’est dommage de se priver de ces vins dans cette future appellation, d’autant plus que le profil des blancs du Médoc a toujours été peu boisé.»
Un œnologue bordelais ?
Sans déconner : Christophe, tu n’es plus diplômé de la fac de Dijon ?
C’est super moche de renier son terroir.
Quant à affirmer sans rire que : « le profil des blancs du Médoc a toujours été peu boisé » : c’est quoi, un pari de ton club de pataphysiciens ?
Je crois que tu viens de le gagner. Car il me semble avoir bu quelques vins blancs du Médoc que tu conseilles et qui sont bien bien marqués par le bois. Comme l’immense majorité des blancs médocains. Non ?
Ah, on rigole…
RépondreSupprimerSerait-ce le commentaire d’un « œnologue bordelais » ?
SupprimerSigné anonymement d’un œnologue toulousain auteur de ce blog.