Forcément, quand Nicolas m'a proposé de voir Vino Business en
avant première j'ai sauté sur l'occasion. C'est pas tant que je ne
pouvais attendre jusqu'à Lundi, mais plutôt qu'il y avait chevauchement :
Lundi c'est dégustation. De Reignac en plus : une verticale du Grand
Vin, depuis 2004.
Un peu comme dans James Bond (fine référence au docu).
Bon, après on est en roue libre.
Forcément y a Michel Rolland.
Obligé : Michel Rolland dans un docu sur Bordeaux et le vin, c'est un peu comme les figures imposées en patinage artistique. Indispensable;
Mais Michel Rolland il a oublié d'être con, alors comme il s'est fait salement piéger une fois par Nossiter là forcément il est très bon. Tu sais, comme un coureur cycliste qui dévale une pente super glissante : t'as l'impression qu'il est en roue libre, tranquille mimile, mais que dalle, il contrôle comme un Dieu.
Bon, en même temps, vu que le rôle du méchant est déjà pris, forcément ça l'aide. Parce que deux grands méchants c'est super trop compliqué pour ce documentaire super trop simp(list)e
Puis Rolland il prend bien la lumière ... et surtout il rappelle un truc plus qu'essentiel : que Bordeaux a de tous temps été une cible de choix pour les investisseurs, ben ouais. Et ce qu'ils soient étrangers ou amateurs fortunés en mal de reconnaissance.
Sous le Second Empire ben t'entretenais un domaine et/ou une danseuse (le Domaine n'est pas moins coûteux mais probablement plus durable). Notre amie journaliste a pas du rentrer dans une bibliothèque pour s'y documenter et le vérifier avant de se plaindre de ce récent et intense déferlement d'investisseurs : c'est le problème des bottes qui sont pas toujours acceptées dans les bibliothèques.
S'ensuit Derenoncourt en mode triste comme la pluie un soir d'automne ... et la phrase cultissime d'Isabelle Saporta : quand la météo est peu clémente les viticulteurs ont une excuse toute trouvée pour utiliser massivement des pesticides
C'est des fourbes les viticulteurs : toujours à chercher des excuses pour nous empoisonner. Feraient mieux d'aller chercher leurs bottes et leur fourche.
Plus tard, comme Michel Rolland s'est pas fait gauler c'est Jean-Philippe Fort qui s'y colle (à l'occasion, Jean-Philippe, faudra que je lui demande le pourquoi, le comment et le contexte. Ce qu'il y avait autour de ce qu'il a dit. Etant entendu que j'ai encore le souvenir de J.L. Berger se faisant honteusement tronquer ses phrases chez Envoyé Spécial, plus rien ne m'étonne ...).
Il fait d'abord l'alchimiste et la voix off se régale :
À Bordeaux, les enjeux économiques sont tels qu'il n'est pas possible de laisser [la nature] décider seule. Pendant que la vigne pousse, les propriétaires s'affairent à créer de toutes pièces le vin issu des vendanges de l'année précédente. Jean Luc Thunevin a accepté de me montrer comment sont fabriqués les grands crus. Il m'a révélé qu'ici, chaque bouteille de vin est composée du mélange de différents types de raisins, ce qu'on appelle les cépages.
"créér de toutes pièces - fabriqués - révélé" : ben ouais, c'est super croustillant, limite scandaleux comme révélation. Houlàààààà : il semblerait qu'à Bordeaux on assemble (des vins issus de) différents types de raisins !? Ca à pas l'air net ce truc, se dit illico la ménagère de moins de 50 ans qui est abonnée à Télérama et prend son brunch dominical au bord du Canal Saint Martin (j'ai essayé et c'est plutôt sympa le brunch au bord du Canal Saint Martin. Télérama, moins).
Plus tard il fera visiter le labo.
Là
ça devient grandiose : on aperçoit un vieux Foss et un mixeur tout
neuf. Par la magie de la journaliste en bottes on entend :
Dans leurs locaux aux allures de laboratoires médicaux, une kyrielle de
machines capables selon eux de corriger toutes les erreurs de la Nature.
Le jour où tu corrigera une erreur de la nature avec un Foss, c'est que les thermomètres guériront la fièvre !
Pas de bol : elle avait du garder ses bottes, alors que là c'est une blouse blanche qu'il fallait porter.
Jetons un voile pudique sur le couplet de Jean Philippe à propos du profil des vins et de l'adaptation au goût du consommateur. Après tout il l'a dit ...
Bon forcément s'ensuit le travelling de la mort qui tue sur les produits œnologiques.
J'adore : c'est ceux d'une de mes anciennes boites (dont je suis récemment devenu concurrent : ouais avant je faisais le mal dans le développement et la compréhension du produit œnologique, puis je suis devenu consultant, et là je vends des trucs qu'on met dans le vin. La tradition spas mon truc faut croire).
Le couplet sur les levures aux arômes de fraises est comme toujours d'une rare connerie (au passage, Techer en a aussi mis une couche sur les levures caractéristiques du terroir.Tout ce que j'aime). Ca en fait deux de plus qui lisent visiblement pas mon blog. Hop, piqûres de rappel :
Une histoire des levures oenologiques / 1
Une histoire des levures oenologiques / 2
Une histoire des levures oenologiques / 3
Une histoire des levures oenologiques / 4
Retour à Vino Business : passons sur "les conservateurs".
Car quand tu vois la gueule du conservateur ....
Après c'est la routine et on enfile les perles en douceur :
- elle va en Chine avec S Derenoncourt, visiter un désert.
De façon surprenante à peine arrivés, ils s'y rendent compte qu'ils sont venus pour rien : là c'est pas de la vigne qu'il faut faire, c'est des pistes de kart.
N'empêche : ça a pas dû être facile, les bottes Aigle(c) dans le désert !
- elle nous explique qu'historiquement le classement des Grands Crus ben c'était que sur la qualité des sols, donc des vins.
Ben tiens : c'est bien connu qu'en 1855 c'est que des géologues qui ont fait le classement !
- on a un topo super convainquant sur l'efficacité de la bouse de corne.
Par contre à la fin la voix off parle d'un type qui a perdu sa récolte ... j'ai pas bien compris de qui il s'agissait ni ce qui s'était passé. Mais y a surement aucun rapport avec les affirmations péremptoires qui précèdent. Ou alors ça ferait désordre ... (oui, je suis un sournois)
- la comédie des primeurs ? ouais, bon, on peut en parler des primeurs ... mais vraiment, alors ! (et en arrêtant de faire semblant de croire que c'est réservé aux seuls Grands Crus). Au passage : Techer il est bien car il fait nature, rural, rustique quoi. Mais sa comparaison des primeurs avec les concours de beauté et sa phrase sur "les pièces d'origine" c'est plus rustre que rustique je trouve ....
- sinon c'est hyper louche de demander un autre échantillon quand tu goûte mal un vin ... bon en même temps, là c'est pendant "la comédie des primeurs" et c'est un des méchants de Nossiter qui demande un échantillon au méchant de Saporta, alors fatalement ça inspire pas confiance. Pourtant c'est service minimum !
Que dire d'autre ...
Ah si, un truc très positif : du coup ça m'a libéré la soirée de Lundi pour aller boire une verticale (d'un vin industriel j'en ai peur) avec ma fille.
Ouais, ma fille.
Enfin l'une de mes filles : celle qui veut faire carrière dans le commerce du vin.
On est tous pourris jusqu'à la moelle dans la famille : moi je fais partie des œnologues commerciaux vilipendés par Derenoncourt (bon, après il nous dit que lui ce qui le fait avancer c'est le pognon, ça devrait nous rapprocher. Encore qu'il doit avancer bien plus vite que moi, je pense), et elle elle part à New York vendre du pinard au grand capital.
Mais où j'ai bien pu mettre ces putain de bottes !?
Sinon, comme promis et par ordre alphabétique :
(choisis ton camp, camarade)
Laurent Baraou
Jacques Dupont
Olivier Grosjean
Nicolas Lesaint
Vincent Pousson
Télérama
(promis je l'avais pas lu quand, dans le corps du billet, j'ai écrit ma connerie sur Télérama et le Canal Saint Martin)
et
La compil de "Terre de Vins"
Et, pour (vraiment) finir sur une note de gaieté un truc que j'avais pondu à propos d'un docu réellement catastrophique diffusé par FR3 à propos de la mémoire de l'eau
Donc Vino Business.
Du coup j'ai proposé à Nicolas de confronter - par blog interposé - nos visions de la chose.
Voici la mienne ....
Exercice acrobatique et amusant. J'ai déjà donné.
- La première fois que je m'y suis livré c'était en direct live et en territoire hostile.
Sans filet quoi.
Sans filet quoi.
Virginie
m'avait en effet demandé de venir co animer un débat juste après la
projection de "Mondovino" par un cinéma associatif de la banlieue
toulousaine.
Ils avaient le gentil : un viticulteur bio
de Gaillac.
Il leur manquait le méchant : il semblerait qu'idéalement ce devait être un œnologue qui s'était compromis dans l'industrie de la levure.
Il leur manquait le méchant : il semblerait qu'idéalement ce devait être un œnologue qui s'était compromis dans l'industrie de la levure.
Pour bien leur montrer qu'ils avaient fait le
bon choix j'ai confirmé que oui oui je voulais bien faire l'animation, et
que oui oui je prendrai bien la thune qu'ils me proposaient (en
espérant visiblement que non non).
Foncièrement je suis un mec honnête alors ils en ont eu pour leur pognon
car ça c'est passé à merveille, et même au delà de mes espoirs les plus fous : je n'ai échappé au lynchage que par miracle. Alors j'ai illico réinvesti une partie de mes émoluments dans l'affiche du
film ; affiche qui a longtemps trôné dans mes chiottes (jusqu'au jour ou Earley,
ma chatte, a égorgé un merle dessus. Graphiquement le résultat était à peine moyen, un peu
comme la façon de filmer de Nossiter : au début c'est fun mais ça file
très vite très mal à la tronche. Alors je l'ai virée l'affiche).
- La seconde fois c'était pour la sortie de "La face cachée du vin"
La non seulement j'ai pas pris un rond, mais en plus j'ai acheté le bouquin.
Y a des jours, je me reconnais plus ...
Après
?
Ben après j'en ai fait une longue lecture commentée au vitriol (c'est comme ça que c'est bon) je sais plus où sur le net, c'est exactement là que ça a commencé à partir en vrille et c'était rigolo.
Le plus rigolo c'est peut-être que des gens qui m'ont rencontré après que je me sois livré à l'exercice susdit se sont crus obligés de dire et publier qu'en vrai en fait j'étais pas pareil.
Enfin ... moins, quoi.
Ben après j'en ai fait une longue lecture commentée au vitriol (c'est comme ça que c'est bon) je sais plus où sur le net, c'est exactement là que ça a commencé à partir en vrille et c'était rigolo.
Le plus rigolo c'est peut-être que des gens qui m'ont rencontré après que je me sois livré à l'exercice susdit se sont crus obligés de dire et publier qu'en vrai en fait j'étais pas pareil.
Enfin ... moins, quoi.
"Vino Business".
Forcément j'ai un putain d'a priori.
En même temps regarder un docu à l'aveugle c'est compliqué, donc faudra bien faire avec l'a priori.
Dans l'a priori y a la certitude (confirmée a posteriori) qu'avant de le voir tu sais qui va dire quoi, comment ça va être présenté et discuté ... et d'ailleurs qui va, ensuite, y aller de son commentaire en disant quoi et comment. Oui, moi sur mon blog c'est tout pareil : ceux qui m'aiment me précédent (les autres aussi d'ailleurs).
Enfin continuez quand même à lire, on sait jamais ? (ne serait ce que pour aller jusqu'au fin fond de ce billet où se trouvent une compilation des réactions suscitées par ce docu : ça permet de jouer au petit jeu des pronostics ...)
En même temps dès l'entame le ton est donné et tout roule, côté a priori et poncifs :
Lorsque je déguste un verre de vin, je ne peux m'empêcher de penser aux vignerons authentiques, à ces hommes attachés à leur terre, qui travaillent dans le respect de la tradition.
Ben ouais, authenticité et tradition.
Rien que çà !
Bon forcément on sait pas quand s'arrête la tradition et où commence l'insupportable modernité. Mais la tradition ça reste une valeur sûre alors on s'en branle : l'argument à la fois consensuel et définitif c'est une rareté dont on ne peut que difficilement se passer.
Dans la foulée arrive l'argument d'autorité, histoire de poser les choses d'entrée et de calmer les mauvais esprits :
J'ai décidé de chausser une nouvelle fois mes bottes de journaliste spécialisée dans les questions agricoles
L'argument d'autorité donc, mais avec des bottes, pas des escarpins. Sans déc : quand t'es spécialisée dans les questions agricoles ben c'est des bottes. Sérieux, sinon tu peux pas comprendre. Les journalistes spécialisés dans l'agriculture version aquaculture ben je pense que c'est des palmes qu'ils ont. C'est piégeux le journalisme spécialisé : ça se niche dans les détails.
Bon le monde du vin tu te rends très vite compte qu'en fait c'est à Bordeaux, et que Bordeaux c'est à Saint Emilion (au début il y a bien Saint Estèphe qui est cité, mais Saint Estèphe ça doit être entre Saint Emilion et Pomerol je pense, quelque part vers Saint Loubès.).
Visiblement les bottes c'est pas des bottes de 7 lieues.
A propos de bottes : très vite y a Dominique Techer.
On comprend que c'est un gentil Techer : il a des bottes, une fourche et il arrache des vignes pour faire du pique poule. Un gentil.
.
Y'a aussi Derenoncourt qui fait une vague tentative :
Moi j'ai envie un peu de me battre pour que les gens cessent de croire que Bordeaux ce soit seulement les Crus Classés. On est maintenant dans une société ou le focus médiatique est fait sur ces crus là qui représentent peanuts quoi c'est 0.5% de l'appellation à Bordeaux. Et le focus est tellement mis là dessus qu'on ne parle que d'eux. Et souvent Bordeaux c'est un peu résumé à ça et en fait ça représente pas du tout la situation.
Ben ouais, voilà.
C'est pour ça qu'ensuite, pendant plus d'une heure, le docu est totalement consacrée à ce truc qui quoi déjà ?
Ah, oui : qui représente pas du tout la situation. Spas moi qui le dis, c'est Derenoncourt.
Bon ben alors on fait quoi : le docu est fini là non ?
Non ?
ah ...
Non, car après y a le méchant : dans toutes les super production y a un méchant (l'avantage par rapport à Nossiter c'est qu'on subit pas son klebs, au méchant).
Lui, le méchant, il est bien coiffé, rasé de près et assis sur des barriques toutes belles. Normal quoi : c'est le méchant.
La voix off nous informe qu'en plus d'être propre sur lui, il a décidé de créer une marque à part entière et pour çà il a investi 9 millions d'€
A ce niveau là, c'est plus un méchant : c'est carrément le génie du mal. T'as qu'à voir : au lieu d'être
avec ses poules et sa fourche dans les vignes, il est avec ses clients (fortunés, nous dit la voix off. Oui parce que les gentils eux ils doivent bosser avec des pauvres complètement fauchés. C'est plus sur quand on veut se faire payer ses palettes) et un de ses employés dans son chantier où il parle (mal) anglais avec des chinois.
En plus il fait de la musique critiquable avec un appareil rigolo (l'appareil rigolo c'est la télécommande, pas le carillon qui lui n'est pas exempt de reproches, faut bien le reconnaître).
Clair : c'est L-E M-E-C-H-A-N-TDans l'a priori y a la certitude (confirmée a posteriori) qu'avant de le voir tu sais qui va dire quoi, comment ça va être présenté et discuté ... et d'ailleurs qui va, ensuite, y aller de son commentaire en disant quoi et comment. Oui, moi sur mon blog c'est tout pareil : ceux qui m'aiment me précédent (les autres aussi d'ailleurs).
Enfin continuez quand même à lire, on sait jamais ? (ne serait ce que pour aller jusqu'au fin fond de ce billet où se trouvent une compilation des réactions suscitées par ce docu : ça permet de jouer au petit jeu des pronostics ...)
En même temps dès l'entame le ton est donné et tout roule, côté a priori et poncifs :
Lorsque je déguste un verre de vin, je ne peux m'empêcher de penser aux vignerons authentiques, à ces hommes attachés à leur terre, qui travaillent dans le respect de la tradition.
Ben ouais, authenticité et tradition.
Rien que çà !
Bon forcément on sait pas quand s'arrête la tradition et où commence l'insupportable modernité. Mais la tradition ça reste une valeur sûre alors on s'en branle : l'argument à la fois consensuel et définitif c'est une rareté dont on ne peut que difficilement se passer.
Dans la foulée arrive l'argument d'autorité, histoire de poser les choses d'entrée et de calmer les mauvais esprits :
J'ai décidé de chausser une nouvelle fois mes bottes de journaliste spécialisée dans les questions agricoles
L'argument d'autorité donc, mais avec des bottes, pas des escarpins. Sans déc : quand t'es spécialisée dans les questions agricoles ben c'est des bottes. Sérieux, sinon tu peux pas comprendre. Les journalistes spécialisés dans l'agriculture version aquaculture ben je pense que c'est des palmes qu'ils ont. C'est piégeux le journalisme spécialisé : ça se niche dans les détails.
(c) France 3 |
Bon le monde du vin tu te rends très vite compte qu'en fait c'est à Bordeaux, et que Bordeaux c'est à Saint Emilion (au début il y a bien Saint Estèphe qui est cité, mais Saint Estèphe ça doit être entre Saint Emilion et Pomerol je pense, quelque part vers Saint Loubès.).
Visiblement les bottes c'est pas des bottes de 7 lieues.
A propos de bottes : très vite y a Dominique Techer.
On comprend que c'est un gentil Techer : il a des bottes, une fourche et il arrache des vignes pour faire du pique poule. Un gentil.
.
Y'a aussi Derenoncourt qui fait une vague tentative :
Moi j'ai envie un peu de me battre pour que les gens cessent de croire que Bordeaux ce soit seulement les Crus Classés. On est maintenant dans une société ou le focus médiatique est fait sur ces crus là qui représentent peanuts quoi c'est 0.5% de l'appellation à Bordeaux. Et le focus est tellement mis là dessus qu'on ne parle que d'eux. Et souvent Bordeaux c'est un peu résumé à ça et en fait ça représente pas du tout la situation.
Ben ouais, voilà.
C'est pour ça qu'ensuite, pendant plus d'une heure, le docu est totalement consacrée à ce truc qui quoi déjà ?
Ah, oui : qui représente pas du tout la situation. Spas moi qui le dis, c'est Derenoncourt.
Bon ben alors on fait quoi : le docu est fini là non ?
Non ?
ah ...
Non, car après y a le méchant : dans toutes les super production y a un méchant (l'avantage par rapport à Nossiter c'est qu'on subit pas son klebs, au méchant).
Lui, le méchant, il est bien coiffé, rasé de près et assis sur des barriques toutes belles. Normal quoi : c'est le méchant.
La voix off nous informe qu'en plus d'être propre sur lui, il a décidé de créer une marque à part entière et pour çà il a investi 9 millions d'€
A ce niveau là, c'est plus un méchant : c'est carrément le génie du mal. T'as qu'à voir : au lieu d'être
(c) France 3 |
En plus il fait de la musique critiquable avec un appareil rigolo (l'appareil rigolo c'est la télécommande, pas le carillon qui lui n'est pas exempt de reproches, faut bien le reconnaître).
Un peu comme dans James Bond (fine référence au docu).
Bon, après on est en roue libre.
Forcément y a Michel Rolland.
Obligé : Michel Rolland dans un docu sur Bordeaux et le vin, c'est un peu comme les figures imposées en patinage artistique. Indispensable;
Mais Michel Rolland il a oublié d'être con, alors comme il s'est fait salement piéger une fois par Nossiter là forcément il est très bon. Tu sais, comme un coureur cycliste qui dévale une pente super glissante : t'as l'impression qu'il est en roue libre, tranquille mimile, mais que dalle, il contrôle comme un Dieu.
Bon, en même temps, vu que le rôle du méchant est déjà pris, forcément ça l'aide. Parce que deux grands méchants c'est super trop compliqué pour ce documentaire super trop simp(list)e
Puis Rolland il prend bien la lumière ... et surtout il rappelle un truc plus qu'essentiel : que Bordeaux a de tous temps été une cible de choix pour les investisseurs, ben ouais. Et ce qu'ils soient étrangers ou amateurs fortunés en mal de reconnaissance.
Sous le Second Empire ben t'entretenais un domaine et/ou une danseuse (le Domaine n'est pas moins coûteux mais probablement plus durable). Notre amie journaliste a pas du rentrer dans une bibliothèque pour s'y documenter et le vérifier avant de se plaindre de ce récent et intense déferlement d'investisseurs : c'est le problème des bottes qui sont pas toujours acceptées dans les bibliothèques.
S'ensuit Derenoncourt en mode triste comme la pluie un soir d'automne ... et la phrase cultissime d'Isabelle Saporta : quand la météo est peu clémente les viticulteurs ont une excuse toute trouvée pour utiliser massivement des pesticides
C'est des fourbes les viticulteurs : toujours à chercher des excuses pour nous empoisonner. Feraient mieux d'aller chercher leurs bottes et leur fourche.
Plus tard, comme Michel Rolland s'est pas fait gauler c'est Jean-Philippe Fort qui s'y colle (à l'occasion, Jean-Philippe, faudra que je lui demande le pourquoi, le comment et le contexte. Ce qu'il y avait autour de ce qu'il a dit. Etant entendu que j'ai encore le souvenir de J.L. Berger se faisant honteusement tronquer ses phrases chez Envoyé Spécial, plus rien ne m'étonne ...).
Il fait d'abord l'alchimiste et la voix off se régale :
À Bordeaux, les enjeux économiques sont tels qu'il n'est pas possible de laisser [la nature] décider seule. Pendant que la vigne pousse, les propriétaires s'affairent à créer de toutes pièces le vin issu des vendanges de l'année précédente. Jean Luc Thunevin a accepté de me montrer comment sont fabriqués les grands crus. Il m'a révélé qu'ici, chaque bouteille de vin est composée du mélange de différents types de raisins, ce qu'on appelle les cépages.
"créér de toutes pièces - fabriqués - révélé" : ben ouais, c'est super croustillant, limite scandaleux comme révélation. Houlàààààà : il semblerait qu'à Bordeaux on assemble (des vins issus de) différents types de raisins !? Ca à pas l'air net ce truc, se dit illico la ménagère de moins de 50 ans qui est abonnée à Télérama et prend son brunch dominical au bord du Canal Saint Martin (j'ai essayé et c'est plutôt sympa le brunch au bord du Canal Saint Martin. Télérama, moins).
Plus tard il fera visiter le labo.
(c) A. Fuster |
Le jour où tu corrigera une erreur de la nature avec un Foss, c'est que les thermomètres guériront la fièvre !
Pas de bol : elle avait du garder ses bottes, alors que là c'est une blouse blanche qu'il fallait porter.
Jetons un voile pudique sur le couplet de Jean Philippe à propos du profil des vins et de l'adaptation au goût du consommateur. Après tout il l'a dit ...
Bon forcément s'ensuit le travelling de la mort qui tue sur les produits œnologiques.
J'adore : c'est ceux d'une de mes anciennes boites (dont je suis récemment devenu concurrent : ouais avant je faisais le mal dans le développement et la compréhension du produit œnologique, puis je suis devenu consultant, et là je vends des trucs qu'on met dans le vin. La tradition spas mon truc faut croire).
Le couplet sur les levures aux arômes de fraises est comme toujours d'une rare connerie (au passage, Techer en a aussi mis une couche sur les levures caractéristiques du terroir.Tout ce que j'aime). Ca en fait deux de plus qui lisent visiblement pas mon blog. Hop, piqûres de rappel :
Une histoire des levures oenologiques / 1
Une histoire des levures oenologiques / 2
Une histoire des levures oenologiques / 3
Une histoire des levures oenologiques / 4
Retour à Vino Business : passons sur "les conservateurs".
Car quand tu vois la gueule du conservateur ....
Après c'est la routine et on enfile les perles en douceur :
- elle va en Chine avec S Derenoncourt, visiter un désert.
De façon surprenante à peine arrivés, ils s'y rendent compte qu'ils sont venus pour rien : là c'est pas de la vigne qu'il faut faire, c'est des pistes de kart.
N'empêche : ça a pas dû être facile, les bottes Aigle(c) dans le désert !
- elle nous explique qu'historiquement le classement des Grands Crus ben c'était que sur la qualité des sols, donc des vins.
Ben tiens : c'est bien connu qu'en 1855 c'est que des géologues qui ont fait le classement !
- on a un topo super convainquant sur l'efficacité de la bouse de corne.
Par contre à la fin la voix off parle d'un type qui a perdu sa récolte ... j'ai pas bien compris de qui il s'agissait ni ce qui s'était passé. Mais y a surement aucun rapport avec les affirmations péremptoires qui précèdent. Ou alors ça ferait désordre ... (oui, je suis un sournois)
- la comédie des primeurs ? ouais, bon, on peut en parler des primeurs ... mais vraiment, alors ! (et en arrêtant de faire semblant de croire que c'est réservé aux seuls Grands Crus). Au passage : Techer il est bien car il fait nature, rural, rustique quoi. Mais sa comparaison des primeurs avec les concours de beauté et sa phrase sur "les pièces d'origine" c'est plus rustre que rustique je trouve ....
- sinon c'est hyper louche de demander un autre échantillon quand tu goûte mal un vin ... bon en même temps, là c'est pendant "la comédie des primeurs" et c'est un des méchants de Nossiter qui demande un échantillon au méchant de Saporta, alors fatalement ça inspire pas confiance. Pourtant c'est service minimum !
On l'aura compris : pour moi cet exercice relève pus de la caricature grossière que du documentaire. Je trouve donc fâcheux qu'il soit proposé ainsi, sans autre forme de procès, en prime time et éminemment regrettable qu'au lieu de susciter réflexions et débat il ne mène inévitablement à rien d'autre que réactions épidermiques et crispations.
Aucune cause ne peut être promue ou défendue a l'aide de tels procédés.
Que dire d'autre ...
Ah si, un truc très positif : du coup ça m'a libéré la soirée de Lundi pour aller boire une verticale (d'un vin industriel j'en ai peur) avec ma fille.
Ouais, ma fille.
Enfin l'une de mes filles : celle qui veut faire carrière dans le commerce du vin.
On est tous pourris jusqu'à la moelle dans la famille : moi je fais partie des œnologues commerciaux vilipendés par Derenoncourt (bon, après il nous dit que lui ce qui le fait avancer c'est le pognon, ça devrait nous rapprocher. Encore qu'il doit avancer bien plus vite que moi, je pense), et elle elle part à New York vendre du pinard au grand capital.
Mais où j'ai bien pu mettre ces putain de bottes !?
Sinon, comme promis et par ordre alphabétique :
(choisis ton camp, camarade)
Laurent Baraou
Jacques Dupont
Olivier Grosjean
Nicolas Lesaint
Vincent Pousson
Télérama
(promis je l'avais pas lu quand, dans le corps du billet, j'ai écrit ma connerie sur Télérama et le Canal Saint Martin)
et
La compil de "Terre de Vins"
Et, pour (vraiment) finir sur une note de gaieté un truc que j'avais pondu à propos d'un docu réellement catastrophique diffusé par FR3 à propos de la mémoire de l'eau
Tiens, je suis cité par Bethomeau (bon, pas nommé mais cité, faut pas déconner non plus).
RépondreSupprimerPour le dit Berthomeau Nicolas Lesaint (et quelques autres) est un "bas bruit", moi je ne suis "qu'un mec dont [il ignorait] l'existence". Compte tenu du fait qu'il y a quelques milliards d'autres personnes qui ignorent mon existence, que "être connu de Berthomeau" n'entrait pas dans mes projets immédiats, et que je n'écris pas mes conneries pour accéder à je ne sais quel Panthéon, je pense pouvoir y survivre sans trop de mal.
Allez, un petit coup de Berthomeau avant de reprendre la route :
"Beaucoup de précieux ridicules post-modernes avec des œillères épaisses et suffisance incorporée du type de celle d’un mec dont j’ignorais l’existence".
J'ai toujours aimé les types qui s'attaquent non pas à ce que je dis, mais à ce qu'ils prétendent que je suis.
Donc là, forcément, j'adore. Même s'il me semble toutefois regrettable que ce monsieur si sympathique se permette de me juger à partir d'une citation, certes rigolote, extraite de mon billet par Terre De Vins mais qui, à mon immodeste avis, n'est pas super représentative du dit billet.
Et, comme je suis un bon gars je lui fais de la pub : avec un peu de bol ça lui fera monter ses stats de visites de deux ou trois points. Peut-être même 4, sur un malentendu ?
http://www.berthomeau.com/article-je-demande-le-retour-de-l-ortf-pour-chanter-les-louanges-du-vin-notre-tresor-national-124592457.html