Punkovino #7 : les garagistes


A l'instar des 6 qui le précèdent, ce billet fait partie de ma série "Punkovino", initiée en réaction à la série documentaire du même nom.

Cette série de billets commence juste là.

 
Quant à eux, les documentaires en question commencent par des infographies dont je ne me lasse pas :



Ben non, c'est pas forcément indispensable.

Tu vois : y a des mecs qui s'occupent de la vigne, c'est des viticulteurs ; et puis d'autres qui font du vin, ce sont des vinificateurs.
Puis des fois, c'est dingue, la même personne fait les deux : c'est un vigneron.
Dis, Arte : t'en as encore beaucoup d'autres des questions de ce genre ?


Donc le sujet du jour ne cultive pas de vigne, il achète du raisin qu'il vinifie.
C'est un négociant, qui vinifie.
Je trouve un rien ballot qu'il ne s'occupe pas de vignes : Arte nous annonçait en effet que Punkovino c'est :

"Un tour d’Europe à la rencontre des punks des ceps".
Tellement punk que les ceps il n'en a pas.
Passons, passons ...

Il attaque fort, le négociant.
Avec les vins de garage ...
J'évoquais la question dans mon premier billet, sans savoir que cela venait de lui : j'écoute en effet dans l'ordre et commente à la volée.
Bref que dit il :

"je crois que c'est dans les années 80, donc y avait des passionnés qui allaient soit acheter, ou pfff souvent allaient piquer des raisins dans le bordelais juste pour faire des microvinifications dans leur garage"
Jacques Thienpont (propriétaire du château Le Pin) et Jean-Luc Thunevin (propriétaire du château Valandraud) vont être super contents d'apprendre qu'ils ont commencé en piquant des raisins dans le bordelais.
Avec un peu de bol y a prescription et ils échapperont à la correctionnelle.
Ou alors c'est n'importe quoi ?
Mais Arte est quand même une chaine sérieuse.
Il me semble
.


Sur le sujet et la contribution de ces deux personnalités du vin au début des vins de garage, cher lecteur je te laisse faire ce qu'Arte n'a pas cru bon de faire : te renseigner et te documenter.

Quoiqu'il en soit : ce n'est pas quand on fait des vins de garage qu'on n'a pas besoin de (posséder des) vignes, c'est quand on fait du négoce.
Spas pareil.


Pour ma part, un Punk des ceps qui fait des vins nature en achetant du raisin çà m'étonne un peu.
Mais ne soyons pas trop rigoriste.
Les règles, tout çà, spas Punk.


D'autant qu'on le voit dans les vignes, avant vendange :
"- je sais pas si çà aurait pas pu attendre un peu ?
- un petit peu, mais après euh ...
- il vaut mieux avoir un tout petit peu d'acidité pour les fermentations
"
Je ne vois pas bien pourquoi il faut de l'acidité pour les fermentations !?
Mais je ne suis qu'oenologue et j'écoute surtout du baroque.

Au delà de mes choix musicaux contestables, il me semble au contraire qu'un pH trop bas peut gêner les levures fermentaires, en les stressant.
Mais pour l'équilibre du vin faut aussi de l'acidité. Bien sur.
Alors passons encore.

Mais pas trop, et ce quoique puisse en dire un ami vigneron (oui : celui qui cultive la vigne pour, ensuite, en faire son vin. Ca me fait plaisir de voir que tu suis aussi bien !) qui me disait, lors d'une dégustation : "y a de l'acidité, mais c'est de l'acidité mûre".

Voilà. De l'acidité mûre.
Bref ...

Mais tant que nous sommes dans les définitions, en voici venir une autre :

"la définition du vin nature c'est qu'on ne met rien dedans, et on ne retire rien. Le vin est toujours vivant dans les bouteilles. Tandis que les vins conventionnels, très travaillés : des vins technoligiques, sont morts, en fait les bouteilles ce sont des cercueils "

Je trouve vraiment casse couilles cette façon de se définir non par ce que l'on est mais par ce que l'on prétend que les autres sont.
Il est de notoriété publique que les vins (dits) conventionnels sont tellement morts que c'est pour çà que l'on attend 10 - 15 - 20 ans que certains poursuivent leur évolution pour, enfin, atteindre leur apogée.
Faut-il, à ce stade, parler des vins (dits) vivants qui ne survivent pas au premier été ?
Mais non, je ne voudrais pas répondre à la caricature par une autre caricature.


"je pourrai jamais être dans un système avec des cahiers des charges je suis en vdf [vin de France] c'est à dire que j'ai une totale liberté pour faire les vinifs que j'ai envie de faire. Je veux cette liberté là"
Ouais, enfin y a quand même une règlementation pour les Vins de France, hein ?!
Certes souple sur les pattes arrières, mais une règlementation tout de même !



"c'est peut-être pas parfait techniquement mais, au contraire, c'est çà qui fait le charme du truc"
"c'est spontané, c'est vivant"

C'est un point de vue.
Respectable en tant que tel.

Je serais toutefois curieux d'apprendre ce qui est sous-entendu par ce "peut-être pas parfait techniquement".
Simple curiosité.




Tiens, puisque j'en suis à causer garage ...
Il y a quelque temps je participais au concours des vins bio d'Aquitaine
Oui : ils m'ont invité et j'ai dit oui.
Comme ils sont joueurs ils m'ont même bombardé président de jury ... A LA TABLE DES VINS SANS SOUFRE.

J'y aurais bien décerné 2 médailles d'or et 1 d'argent, mais il n'y a pas eu consensus sur la 2ème médaille d'or et je le regrette vivement.
Quoiqu'il en soit il y avait, dans le lot, deux superbes vins et une très belle quille.
Le reste était plus inégal, sans être forcément indigne hein ?


Unanimité sur l'or décerné à l'IGP Agenais "Cuvée Prestige" (2018) du Domaine Lou Gaillot.
Perso je voyais un autre vin au même niveau : "Le Fruité" (2018) de PH Cousyns (un Côtes de Bourg).

Précipite toi sur ces deux vins (sans soufre ajouté), car dans l'un et l'autre cas : y a du vin !
Vraiment.


J'en suis revenu avec une autre très jolie quille !


Vin de Ben HALL (encore un anglo-saxon : c'est l'une des thématiques de ce bilet) ... qui en élabore 3 sous le nom générique de "le garagiste" (c'est l'autre thématique !)
Là c'était "Le Garagiste - De Luxe" (il faut que je me procure le "Gran Turismo" pour mon fils) en 2016.


Très beau vin prêt à boire mais tout à fait capable d'attendre pour se fondre encore un peu plus, un peu mieux.
En l'état : belle aromatique mure, complexe, précise.

Bouche ronde, ample, profonde, bien équilibrée par l'acidité (mûre, sûrement ...) qui va bien (mais rend l'élevage encore un rien trop accrocheur en finale).
Très belle quille, du genre must have !




On trouvera trace de cette dégustation sur le très recommandable blog de Daniel Sériot, à la date du 11 juillet 2019.


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