Défense du consommateur ? rions un peu ...




Alliance de circonstance : hygiénistes et promoteurs des vins « méthode nature » se retrouvent sur la demande insistante d’un étiquetage du vin plus complet qu’il ne l’est actuellement.
Reste à savoir si cet étiquetage serait réellement informatif.

Quoiqu'il en soit nous avons déjà vu apparaître le logo femme enceinte, la mention de la présence de sulfites, puis mention de la présence éventuelle de résidus de collage.
La valeur calorique du vin va prochainement les rejoindre. Dans ce billet je me suis déjà exprimé sur cette joyeuseté, je n’y reviens donc pas.

Forcément certains trouvent que cela ne suffit pas et il s’ensuit des initiatives plus ou moins heureuses.
Là dernière en date est un site internet.
« dans ma bouteille »

Ce site prétend informer le consommateur et s’affiche comme :


« La 1ère plateforme de données nutritionnelles sur les ingrédients et additifs dans le vin ».
« Pour plus de transparence ».


Les revendications sont les suivantes :
- « Transparence consommateur sur ce que contient une bouteille de vin. »
- « Qualité environnementale et éco-responsable. »
- « Une information claire, simple, et accessible sur les ingrédients, les additifs, etc. »

Vaste programme qui mérite bien une visite sur le site afin d'y lire les fiches présentant les vins de façon « claire, simple, et accessible sur les ingrédients, les additifs, etc. », en assurant la « Transparence consommateur sur ce que contient une bouteille de vin. ».

Regardons quelques fiches …

Ici on nous parle d’additifs, donc des produits qui ont été ajoutés au vin et en sont constitutifs.
Il y a le SO2 … et il y a la bentonite.
Qu’est ce que la bentonite ? ce site qui fournit « Une information claire, simple, et accessible sur les ingrédients, les additifs, etc. » nous dit que la bentonite est un additif et un anti-agglomérant …
C’est consternant de bêtise.
Effectivement, en jetant un œil rapide autant qu’inattentif sur Wikipedia on y lira bien que la bentonite est un anti-agglomérant utilisé dans les colorants en poudre.
En revanche, dans le vin (qui n'est pas un colorant en poudre) la bentonite est utilisée pour … agglomérer les composés protéiques dont on souhaite se débarrasser. Accompagnée des composés qui s’y sont collés, la bentonite sera en effet ôtée du vin par soutirage.
Oui : la bentonite n’est pas un additif, pas plus qu'elle n'est constitutive du vin. C'est un auxiliaire qui est éliminé avec certains éléments dont on souhaite se débarrasser. En outre, en œnologie elle n’est pas - dans ce contexte - ce que le site informatif prétend qu’elle est.


Là on nous dit que les pectinases sont des « agents de texture » !
Où sont-ils allés chercher cette ineptie ?




En effet, les pectinases sont des enzymes utilisées précocement pour découper les pectines, des composés libérés par la pellicule des baies de raisin.
Ce ne sont pas des agents de texture, et on n’en trouve pas dans le vin fini. Elles n'entrent donc pas dans sa composition.

On nous informe aussi à propos d'un autre additif : une levure sélectionnée utilisée en vinification, l’ICV D254©


Sélectionnées ou pas, les levures œnologiques sont des auxiliaires qui assurent la fermentation alcoolique avant de mourir et d’être éliminées par soutirage. En aucun cas elles ne sont des additifs que l’on trouverait dans le vin fini.
J’ajoute qu’à ce stade (vin fini, tiré - bouché) rien ne permet de détecter la présence de cette levure et qu’il s’agit donc non pas d'un résultat analytique mais uniquement d’une information fournie par le producteur.
Du simple déclaratif, avec les limites que cela implique sur la réelle sincérité du déclarant à propos de telle ou telle information.

La gélatine est, elle aussi, qualifiée d’ "agent de texture".
Peut-être est-ce le cas dans les fraises Tagada
© ou les crocos Haribo© … mais en aucun cas dans le vin !
Car en œnologie la gélatine est, comme la bentonite, un agent de collage. Certainement pas un constituant du vin, encore moins un "agent de texture" !

Je pourrais bien entrer dans le détail des « informations » qui sont données à propos du type de filtre utilisé (quelle est leur réelle valeur informative ?!), ou des « taux de polyphénols » et de quelques autres données fournies, mais ce serait inutile.
Car vous l’avez déjà compris :
« La 1ère plateforme de données nutritionnelles sur les ingrédients et additifs dans le vin », « Pour plus de transparence » est gérée par des gens qui prétendent informer les consommateurs mais ne comprennent pas ce dont ils parlent, ou ne se relisent pas (les deux options sont tout à fait compatibles).


Pour finir en beauté j’ajoute qu'en outre cette histoire était pliée d’entrée car les analyses se font sur des bouteilles prélevées et expédiées par le producteur.
Il est donc libre de prélever l’échantillon qu’il veut sans que personne ne vérifie les conditions du prélèvement et, donc, sa représentativité.
Grandiose.

En outre, sur le site on cherchera en vain la réelle composition de quelque vin que ce soit (il faut dire que ce serait à peu près illisible).
Quant à l'information en ce qui concerne la
« Qualité environnementale et éco-responsable. » ...

 
Il est bien barré, le consommateur avec des défenseurs de ce calibre …



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Ajout en date du 04/03/2020 :

On me fait savoir que, pour changer, je me fais copieusement insulter sur Facebook.

Facebook, je n'y suis plus depuis un moment déjà et je n'envisageais pas d'y retourner. Ce genre de facétie, à savoir s'en prendre à ce que l'on prétend que je suis, à ce que je fais et à la façon dont on prétend que je le fais est indigne et ne me donne, en effet, aucune envie de retourner dans ce cloaque.

Notons quand même que, encore une fois, on évite soigneusement de répondre à ce que je dis, au fond de ce billet. Dites, les experts :
- la bentonite et les pectinases c'est quoi déjà ? des agents de texture ?
- et un prélèvement pour contrôle analytique çà se fait comment ? au libre choix de celui qui est contrôlé ?
(entre autres choses).
 

Au passage j'attribue bien volontiers une mention spéciale à Guillaume Pire qui me jette en pâture à ses petits camarades en mode (je cite) de :
"le mur du con d’un certain André Fuster : son blog "vitinéraires""
Mon Guillaume : moi aussi je t'aime.
Je t'aime tellement et depuis si longtemps que figure toi que ce "mur du con" : tu y es de longue date !
Si, si : cet article en atteste
(parmi d'autres du même genre).
Bien sur j
e n'en change pas un mot. En outre, dès que l'occasion se présentera je reviendrai manger et boire avec grand plaisir.
Même si, de toute évidence, nous n'avons rien à nous dire.

(Quand aux quelques personnes que je connais personnellement, en vrai quoi, et qui se vautrent dans cette fange : vous êtes indignes.
Oui : encore plus que les autres.
C'est une performance.)




Commentaires

  1. Par quel procédé les pectinases sont-elles éliminées du produit fini ?

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    1. Il n'y a pas de procédé spécifique (encore que la thermovinification soit un bon moyen d'éliminer certaines enzymes indésirables, mais au prix d'une nette modification du profil aromatique du vin !). Les pectinases sont des enzymes, et les enzymes (il y en a des centaines dans le vin, qui proviennent soit du raisin soit des microorganismes qui ont occupé le milieu ... soit ont été ajoutées par le vinificateur (au maximum de l'ordre de 2 à 3 g/hl pour les pectinases)) sont des protéines. De ce fait elles sont détruites par la température, à des niveaux variant selon l'enzyme (disons de 45 à 60°), précipitent à l'alcool, sont inactivées par les tanins et/ou l'acidité. En outre une dose de bentonite (évoquée par ailleurs dans ce billet), même faible, inactive la pectinase (et les autres enzymes). Bref : dans les conditions du vin les enzymes ne sont pas stables. Elles ne sont, d'ailleurs, pas stables tout court : les pectinases commerciales liquides ont, au mieux, une DLUO de 2 ans.

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