La brigade du goût

Le récent remaniement ministériel a permis de redistribuer les maroquins et, en conséquence, de voir fleurir les déclarations de tel ou tel.

Occasion inespérée de réveiller la marmotte qui sommeillait en moi ...

Marmottes de l'été 2020 (c) France 3
Marmottes de l'été 2020 (c) France 3


"Je consomme du vin dit naturel, de façon raisonnable. Mais pour être sincère, je suis encore novice en la matière"
Je comprends et partage totalement cette déclaration frappée au coin du bon sens : moi aussi, le vin dit naturel j'en consomme de façon (très) raisonnable.
Ce n'est donc qu'ensuite que naissent nos quelques divergences. Bien que, sans avoir jamais été ministre, je fus un écologiste convaincu !

 « la préservation de la biodiversité n’est pas un problème mais une solution. C’est la garantie de produire un vin dans le respect du sol, de la plante et du terroir, qui en donne la meilleure expression. C’est quand même plus cohérent que de rajouter des tas de produits dans les vignes et à la vinification, pour que le consommateur reconnaisse une appellation. »


C'est beau comme une promesse électorale, ou comme les projets agricoles de Bouvard et Pécuchet. Des projets qui, faut-il le rappeler, sont nés au bord du Canal Saint Martin. Y a pas de hasard ...
Je vais essayer de ne pas spoiler la fin de Bouvard et Pécuchet (roman inachevé. Merde, je l'ai dit) et me contenter de dire, une fois encore, que c'est avec un plaisir d'esthète que je vois à nouveau invoquer la biodiversité à propos d'une culture, la Vigne, qui consiste en l'implantation d'un même cultivar à la densité de 5 à 10000 individus par hectare.
La biodiversité ...
En outre, rien (R-I-E-N) ne permet d'affirmer (sans craindre d'être ridicule) que préserver la biodiversité :

"C’est la garantie de produire un vin dans le respect du sol, de la plante et du terroir, qui en donne la meilleure expression".
Au-delà de ce que sont les meilleurs sols viticoles (et, donc, de leur capacité à voir pousser telle ou telle autre plante que la Vigne), on pourra bien sur souscrire à la déclaration d'intention qui vise à la préservation de la biodiversité.
Car si ça ne fait pas de bien au vin, au moins peut-on raisonnablement envisager que çà ne nous fera pas de mal de cultiver en limitant notre impact sur la faune et la flore locales.
Pour autant, affirmer que la présence de telle ou telle adventice (et, donc, le possible respect d'une forme de cette sacro-sainte biodiversité) est forcément liée à une meilleure expression du terroir et du vin me semble un rien touchy.
Je serais en effet curieux de savoir sur quoi une telle déclaration se fonde (à part des propos tenus au zinc du Café du Commerce équitable) !? d'ailleurs :
comment définir l'expression du terroir ?
et la juste expression du terroir ?
pour finir : quelles études ont démontré cette affirmation ministérielle en faveur de la biodiversité du point de vue des résultats organoleptiques ?

Pourquoi faut-il donc toujours en rajouter une couche (de trop) sur les avantages (réels ou, ici, supposés) que présenteraient les orientations quasi philosophiques que l'on souhaite imposer aux praticiens ?
Quelle est donc cette brigade du goût qui, par principe, sait ce qu'est : "la meilleure expression" ?
Cette façon de clore d'emblée tout débat en affirmant péremptoirement tel ou tel argument d'autorité bien pensante m'est odieuse.


L'article s'achève par cette déclaration de Barbara Pompili  :

« nous nous tenons aux côtés de nos agriculteurs pour les aider, pour les former, pour les financer, et aussi pour faire en sorte qu’on arrête de leur vendre n’importe quoi. »

Qu'elle commence donc par arrêter de leur vendre du prêt à penser dogmatique et vide de sens.



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