Sans soufre, je souffre.


L'idée de départ était une soirée Beaujolais, avec la Team Sulfites.


Carte géologique des vignobles du Beaujolais
 "Les vignobles de France et de l'étranger"
P. Mouillefert (ca 1891)



Ayant promis à Daniel et Isabelle de ne plus leur proposer aucune soirée "Beaujolais Nouveau" (de plus, à la fin Mai ce serait vicelard) je les ai invités à une soirée "Beaujolais et ses Crus".
J'ai fait un échantillonage nature et/ou biod puisque divers commentateurs et producteurs nous expliquent tant régulièrement que doctement que c'est là que se trouvent le terroir et sa juste expression.






Ayant préparé les vins, j'ai dégusté en "semi aveugle". En effet :
- j'ai carafé le premier et savais donc de quel vin il s'agissait.
- j'ai caché les 3 suivants sous des chaussettes avant de les ouvrir puis de mélanger avant le service
. 

 

Château des Bachelards
Fleurie (2015)
J'avais goûté et beaucoup apprécié ce vin en novembre 2015, sur fût, entre fermentation alcoolique et fermentation malolactique. L'exercice est ingrat, mais le vin m'avait semblé beau.
Je confirme : aujourd'hui ce Fleurie a toujours un joli nez ... fleuri (pivoine / rose).
La bouche est ronde et fraîche et appele le verre suivant (nota : il n'y a pas unanimité car certains reprochent à ce vin un léger manque de maturité. Ce n'est pas mon cas).
Si je ne retrouve pas totalement la matière que j'avais notée en 2015, la bouche me semble toujours bien construite, mais plutôt sur une structure aimable à la chair fraîche et friande. Joli retour aromatique sur la pivoine et le petit fruit rouge.
Beau vin, bien vinifié (lire : "loin des caricatures carbo") et bien élevé.
J'aime toujours.


Christophe Pacalet

Juliénas (2019)
Au premier nez on pouvait craindre du réduit. En fait un peu d'aération donne le verdict final : Brettanomyces.
Pas photo : le lendemain c'est pire.
Indéfendable.
(avec un petit salut à mon hooligan de caviste qui avait sereinement affirmé : "Monsieur Fuster, vous ne serez pas déçu !").
Pour se renseigner sur Brettanomyces, sa vie, son oeuvre on pourra lire ce vieux billet régulièrement remis à jour.




Jean-François Debourg
Beaujolais (2018) : Les Prenelles
Pas très net au nez, mais rien de clair.
En bouche çà part directement en vrille avec ce côté pop-corn / vomito qui ressemble furieusement au goût de souris. La visite de contrôle du lendemain donnera le même résultat.
L'avantage du goût de souris sur bien d'autres défauts est qu'il peut disparaitre spontanément. Ce qui ne le rend pas plus agréable pour autant lorsqu'on l'a sur les papilles.
Besoin d'infos sur le goût de souris ? c'est pile poil ici !
(à noter : Brettanomyces est aussi sur ce coup là !)




Domaine de La Cure
Chenas (2018)

Dès le premier nez le verdict est sans appel : acidité volatile à des niveaux rarement égalés.
En bouche c'est encore pire.
C'est le vin le moins défendable du lot. Jamais vu çà.
Certains de mes invités continuent à goûter et y surajoutent des tanins trop pointus. Cette abnégation dépasse mes capacités.
Carton plein : j'ai aussi des billets sur l'acidité volatile dans le vin ! en premier lieu celui ci.

 

Les meilleures choses ayant une fin, les pires en ont fort heureusement une aussi.
Il était donc temps de sortir mon joker.

Il aurait pu rester dans le ton sinon du terroir du moins de la philo puisque Vincent revendique des pratiques biodynamiques ... mais pas en 2014, seulement à partir de 2015 !
Or au moment du choix j'avais occulté cette information.
J'ai choisi 2014, mais j'ai aussi du 2015 en cave : car j'ai préféré l'attendre et sacrifier ce joli 14. 
La cohérence de mon billet en souffre.


GCC Pauillac
Château Pédesclaux (2014)
Aromatique précise (cassis, épices douces, notes florales). Joli grain de tanins. Bouche ample et charnue. Retour aromatique séduisant.
Longue finale fruitée épicée, encore ferme à ce stade. Aucune inquiétude : ouvrir ce 2014 sans lui offrir un carafage adapté (ici à peine plus d'une heure) était un infanticide avec préméditation. Tout ça va se fondre avec le temps et rentrer dans l'ordre pour donner une très belle bouteille.
La preuve ?
Le midi suivant, resté en carafe le vin est superbe.




Pierre
étant joueur, il nous gratifie d'une dégustation surprise de vins oranges.
Nous les goûtons à l'aveugle.
(non, je n'ai pas de billet sur le vin orange. On pourrait croire que celui ci en est un, mais ce serait une regrettable erreur).

Il y a toutes sortes de choses.
Certaines me semblent acceptables, d'autres plaisantes. La plupart me rebutent.
Mais j'avoue spontanément ne pas être une référence en matière de vins oranges !
Juste dire que je retiens le "Coucher de Soleil" qui sauvignonne joliment, avec quelques amers pas désagréables en prime.
Avec le "Cirrus" (2018) je sors des chemins balisés, mais y a encore moyen de jouer. Idem avec "Le Génie Orange" du Domaine des Grandes Espérances et son côté écorce ... d'orange.
Les autres je n'y arrive pas, voire je rejette fortement !



On finit en se rinçant la bouche avec un très joli Muscadet (toujours à l'aveugle).
Très jolie bouteille et, ce qui ne gâche rien, super rapport qualité / prix !







Nous nous reverrons tôt ou tard pour une autre soirée.
Il y a de fortes chances qu'alors nous en restions à la modernité délétère, voire à la chimie lourde.


En attendant la prochaine occasion, voici les commentaires de Daniel Sériot à propos de certains vins "dégustés" ce soir là.


Commentaires

  1. Intéressant de voir vos commentaires sur le vin, et je trouve ça bien de vous lire sur des vins en biod et nature, ça me permet de creuser pour me faire une opinion. Vivement le prochain billet ! Merci a vous.

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    1. Avec plaisir ! quand bien même ce billet n'a pas vocation à mettre en avant quelque positionnement que ce soit. Juste à faire part d'une déception.

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    2. Oui, mais c'est précieux ! Parce que j'arrive pas à trouver beaucoup de critiques des vins biodynamiques (ou alors on verse dans un domaine hors-vin) la c'est bien, c'est argumenté et j'apprends des choses pour éviter de consommer juste du discours.

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    3. OK. Mais il faut distinguer deux choses bien différentes : le discours qui accompagne les vins en biod m'insupporte régulièrement. Pour autant il y a de très beaux vins en biod, et ce soir là le Fleurie du Domaine des Bachelards faisait partie des beaux vins. On peut être un bon vigneron, sortir de beaux vins ... et tenir des discours perchos.

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    4. 👍 c'est exactement pour ça que je vais continuer à vous lire.

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    5. C'est quoi un vin nature ?

      Claude Reynaud.

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    6. Bonjour.
      SVP : pourquoi ne pas répondre à ma question du 16 novembre : C'est quoi le vin nature ? Vous dites ici en introduction avoir fait un échantillonnage de vins nature et (ou) biod. C'est quoi pour vous un vin nature ? Sachant que "nature" et "naturel" sont interdits d'étiquetage, de publicité etc... Et qu'il n'existe aucune définition légale de ces termes. Existe-t'il une définition André Fuster ?

      Bien cordialement.

      Claude Reynaud.
      PS : pourquoi répondez-vous longtemps après les questions ou ne répondez-vous pas. ? Le but d'un blog n'est-il pas d'échanger?
      0627177565

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    7. Pour vous répondre point par point :
      - ce blog est un blog. Mon blog. Je n'y ai d'autre obligation que d'y écrire ou répondre quand j'en ai à la fois le temps et l'envie.
      - c'est quoi "un vin nature" ? pour les aspects réglementaires, pourquoi n'iriez vous pas voir du côté du "syndicat de défense des vins naturels" et leurs "vins méthode nature" ? ce sont eux les gardiens de ce Temple, pas moi.
      - mais oui, en effet : j'ai fait un échantillonnage de "vins nature".
      En allant voir mon caviste et en lui demandant de me proposer quelques bouteilles issues du Beaujolais et se revendiquant du "vin nature". Simple, non ?
      - alors c'est quoi pour moi un "vin nature" ? un oxymoron ! car le vin, quels que soient son label et son mode d'élaboration est et reste une création humaine. Le vin est un produit qui découle d'une succession de choix humains, il n'a donc pas grand chose à voir avec la Nature.
      Un oxymoron.
      Qui désigne improprement des vins vinifiés sans intrant.

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